Page 7 - Journal Culturel de Metz - 2017-04
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Le nom de Craonne, située au cœur de la bataille du Chemin des Dames, a été popularisé par "La Chanson de Craonne", qui reste associée aux mutins de 1917.
     La répression fut massive, mais pondérée : 450 hommes furent condamnés à mort, mais seuls 27 furent exécutés, le président de la République, Poincaré,

   ayant fait jouer son droit de grâce. L’accroissement des permissions et l’amélioration des conditions de vie des combattants permirent un retour à la normale
                                          dès le mois de septembre 1917 ; dès lors, l’armée française combattit sans faillir, jusqu’au bout.

                                                                     Les "Tirailleurs Sénégalais" au cœur de l’Offensive du "Chemin des Dames".

                                                                         Cette offensive voit l’engagement massif des tirailleurs sénégalais.

                                                                  Les pertes énormes depuis 1914 rendent indispensables le recours aux hommes
                                                                 levés dans les colonies. Le général Nivelle accepte pour mener l’offensive décisive,
                                                                l’emploi de troupes indigènes. D’ailleurs, le général Charles Mangin (1866-1925),

                                                                     commandant la VIe armée, celle devant entrer dans Laon au soir du 16 avril,
                                                                 espère trouver au Chemin des Dames l’occasion de faire triompher définitivement

                                                                   ses idées sur la "Force noire ", du titre du livre éponyme qu’il a publié en 1910.

                                                                            Mangin place donc ses Sénégalais aux deux ailes de son armée
                                                                 et les fait attaquer à la fois autour de Vauxaillon-Laffaux et de Paissy-Hurtebise.

                                                                                 Ils combattront jusqu’à l’offensive de la Malmaison, fin octobre.

                  Le 16 avril, lors de l'assaut de l'offensive, les hommes sortant de la Caverne du Dragon prennent à revers les Sénégalais qui s'étaient lancés
                      à la conquête de l'isthme d'Hurtebise. Les Sénégalais sont désorientés et cèdent à la panique : cela met un coup d'arrêt à leur avancée.
                           L'existence de nombreuses "creutes" reliées à l'arrière par des tunnels est une des explications de l'échec brutal de l'offensive.

Le Plateau de Californie, véritable forteresse naturelle au cœur du dispositif défensif allemand, le plateau de Californie resta un objectif stratégique jusqu'en 1918 :
                                 le plateau était traversé par des tunnels débouchant sur des cavernes fortifiées (comme la "Caverne du Dragon").

 La Caverne du dragon, est à l'origine une carrière souterraine creusée au Moyen-âge dans le calcaire du plateau du Chemin des Dames. Ses pierres ont notamment
            servi à la construction de l'abbaye de Vauclair (abbaye cistercienne fondée en 1134 dans la vallée de l'Ailette et démantelée en 1789 à la Révolution).

Ces carrières, ou "creutes", que l'on retrouve en Somme, comme dans l'Aisne, ont été utilisées comme casernes souterraines, abris, postes de secours, pour accueillir
   des états-majors ou bien, comme c'est le cas ici, comme poste défensif avancé. La Caverne du Dragon est en effet située à proximité de l'isthme de l'Hurtebise,
                 c'est-à-dire là où le plateau est le plus étroit. En outre, sa position en rebord de plateau offre un large panorama sur la vallée de l'Aisne.

                                                  Cette caverne appartenait aux Français, puis a était prise par les Allemands et reprise par les Français. Elle
                                                            était assez organisée, elle servait à stocker les munitions, la nourriture, les soldats et l'eau.

                                                   Elle contenait pharmacie, bloc opératoire, puits d'eau... C'est pour conforter leurs positions sur le plateau
                                                             du Chemin des Dames que les Allemands lancent une attaque victorieuse sur la caverne

                                                          le 25 janvier 1915 : ils se trouvent désormais à six-cents mètres de la première ligne française
                                                  et quatre-vingt mètres au-dessus. Ce poste avancé est alors protégé et aménagé : les Allemands y amènent

                                                                l'électricité et le téléphone, un puits y est creusé et une chapelle est même édifiée.
                                                                Enfin, ils relient la Caverne avec les lignes arrières par l'intermédiaire d'un tunnel.
                                                           Ainsi, en cas d'attaque, les renforts et les munitions arrivent rapidement et sans encombres
                                                        tandis que les blessés sont évacués. Les Français, après plusieurs attaques en avril et mai 1917,
                                                   tiennent quelques tranchées au niveau de l'isthme de l'Hurtebise. Le 25 juin, la 164e division d'infanterie
                                                    est chargée de mener une nouvelle attaque pour contrôler l'ensemble de l'isthme et, si les circonstances

                                                                           le permettent, d'occuper la sortie Nord de la Caverne du dragon.

         En préparation de cette attaque, les Français envoient des gaz asphyxiants dans les entrées Sud de la grotte et prennent les Allemands au piège.
         L’assaut est mené à 18 heures par le "bataillon Lacroix" du 152e R.I., le régiment des "Diables Rouges", et le "bataillon Moréteaux" du 334e R.I.
          Les nids de résistance sont nettoyés aux appareils lance-flammes du capitaine Schilt (chef du service technique des Sapeurs Pompier de Paris).
        Dans leur progression, les troupes françaises repèrent trois descentes permettant d'accéder à la grotte. L'exploration des boyaux révèle la présence
de troupes allemandes qui, après négociation, acceptent de se rendre. Le chiffre des prisonniers dénombré atteint 340, dont 10 officiers (communiqué du 27 juin).

                                                  Le char Schneider CA1 estle premier char de combat
                                                     utilisé par l'armée française. Il a été conçu pour

                                                  ouvrir des passages à l'infanterie à travers les réseaux
                                                    de fils de fer barbelés et pour détruire les nids de

                                                  mitrailleuses ennemis. Il est engagé sur le front pour
                                                    la première fois le 16 avril 1917, sera utilisé sans
                                                          interruption jusqu'à l'armistice de 1918.

                                                  Caract.: 6 hommes, L 6,32 m, larg. 2,05 m, ht. 2,3 m,
                                                     poids 13,6 T, moteur 60 ch, vitesse 2 à 6 km/h,
                                                        1 canon de 75 mm et 2 mitrailleuses 8 mm.

                                                         Stèles en souvenir des morts de la 164e division
                                                                       au-dessus de la caverne du dragon.

Les statues "Constellation de la douleur" de Christian LAPIE, en hommage aux soldats coloniaux, les "Tirailleurs Sénégalais" morts en ces lieux. Elles ont été érigées en 2007.

                                                     La Caverne du Dragon – Musée du Chemin des Dames : site du tourisme de mémoire visité
                                                    dès les années 1920, la Caverne du Dragon fut transformée en musée en 1969 par le Souvenir
                                                    Français. Géré depuis 1995 par le Département de l’Aisne, il est réaménagé depuis 1999 dans
                                                     un nouveau bâtiment situé au-dessus de la Vallée de l’Aisne. La Caverne du Dragon évoque
                                                  aujourd’hui, au moyen d’un équipement scénographique moderne, l’histoire de ce lieu prestigieux

                                                                          et la vie quotidienne des soldats durant la Grande Guerre.

La Caverne du Dragon – Musée du Chemin des Dames  Tour observatoire du Plateau de Californie : le 16 avril 2013 fut inaugurée sur la pointe orientale
                                                  du Plateau de Californie, lieu emblématique de la Grande Guerre, une tour-observatoire en bois

                                                      d'une hauteur de 20 mètres librement accessible. Elle permet une approche historique des
                                                    paysages et rappelle l'importance des points hauts durant la guerre. Elle donne également aux

                                                     visiteurs qui en font l'ascension un point de vue incomparable sur le village de Craonne en
                                                           contrebas, mais également sur le Chemin des Dames et la plaine de Champagne...

                                                                                                                                                                   Tour observatoire du plateau de Californie
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