Page 4 - Journal Culturel de Metz - 2014-09
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Bouclier de parement du roi Charles IX (1550-1574) - Louvre, département des objets d'Art : Renaissance
Le goût des belles armes au XVIe siècle était commun à toutes les grandes cours européennes. Les Valois se sont également intéressés
à la production d’armes d’apparat. Le casque et le bouclier de Charles IX ont été réalisés par l’orfèvre privilégié de la cour des Valois
et valet de chambre du roi, Pierre Redon, et sont un des rares témoignages des armes de luxe de la Renaissance française (vers 1572).
Le bouclier et le casque sont réalisé en fer repoussé et ciselé, puis plaqué d'or et orné
en plusieurs endroits d'émaux translucides vert rouge et bleu ou blanc opaque.
Ce décor émaillé a été appliqué en petites touches sur les reliefs du décor. Le revers
du bouclier et l'intérieur du casque sont en velours cramoisi brodé d'arabesques en fil d'or.
(Bouclier : 68 x 49 cm)
Le bouclier est orné d’un médaillon central représentant une scène guerrière
où l’on voit un combat de cavalerie devant une place assiégée et un campement.
Il s’agit de l’ultime combat entre Marius (157-86 av. J.-C.) et Jugurtha (160-104 av. J.-C.)
comme le souligne l’inscription latine. Cette scène rappelle que le consul romain
ayant livré bataille, vainquit l’armée numide et que le roi Jugurtha, abandonné par les siens,
fut capturé et emmené à Rome. Ce choix iconographique rappelle l’influence
de l’Antiquité gréco-romaine sur la Renaissance. En outre toute la surface du bouclier
est bordée d’une frise sur laquelle court une guirlande de lauriers ornée
de 32 médaillons en émail cloisonné sur or qui contiennent alternativement
des fleurs (détail du TP) et la lettre K pour KAROLUS (Charles en latin).
Entre le médaillon central et la bordure, le bouclier est orné d’un réseau de motifs de cuirs, d’entrelacs, de trophées guerriers, rinceaux, bouquets de fruits,
cuirs, masques grotesques et frises. Le médaillon est surmonté du masque de Méduse et de deux groupes de guerriers vaincus placés sur des trophées
composés de canons. Ces ornements sont dans la tradition de la joaillerie bellifontaine. Caractéristiques du Maniérisme et de la Première École de Fontainebleau,
ils s’assortissent à l’évocation historique de la bataille. Le modèle de ces ornements n’est pas connu bien qu’ils soient très proches des gravures d’Etienne Delaune.
Bibliographie : Jean-Pierre REVERSEAU - "Le Morion et le bouclier du Roi Charles IX" - Les "Arquebusiers de France" 1973
Bouclier de parement du roi Charles IX – détail de la partie supérieure (avec le détail du TP) Présentation de l'ensemble du parement
Domaine du Château d'Écouen (95 Val-d'Oise)
Il abrite les collections exceptionnelles
du Musée National de la Renaissance (depuis 1977).
Tapisserie : tenture de Diane de Poitiers : Jupiter et Latone
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Milieu du XVI - d'après Jean Cousin - H : 4,55 m - L : 3,50 m
La tapisserie se composait probablement de 10 pièces.
Il subsistait, en effet, neuf autres pièces, réparties entre
la France et les États-Unis : quatre ont malheureusement
disparu dans un incendie il y a quelques années.
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Vendue à la fin du XVII siècle à un aristocrate génois,
la tenture ornait très probablement le premier étage
du château de Diane de Poitiers à Anet (28 Eure et Loir).
Plusieurs épisodes se succèdent au sein de cette pièce
de tapisserie : sous le couvert d’une forêt, Jupiter séduit
la nymphe Latone ; encein te, celle-ci subit la malédiction
de Junon, survolant la scène dans son char tiré par des paons, et s’enfuit, pourchassée
par le serpent Python sous la forme d’un dragon ; guidée par l’aigle de Jupiter, elle se réfugie
sur l’île de Délos. Tout cela est raconté dans le poème français situé dans le cartouche supérieur.
Le faux pilastre de la bordure de droite est orné d’emblèmes liés à la déesse Diane et du double
delta, monogramme de Diane de Poitiers, destinataire de la tenture d’où est issue cette pièce.
Une autre pièce,
la Naissance de Diane
et Apollon, deuxième
épisode de la tenture,
est entrée en même temps
dans les collections
du Musée National
de la Renaissance.
Photo (C) RMN-Grand Palais (musée de la Renaissance,
Château d'Ecouen) / René-Gabriel Ojéda Château d'Anet (18e siècle) Jacques Rigaud – dessin à la plume du XVIII siècle
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