Page 5 - Journal Culturel de Metz - 2014-05
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5 mai : EUROPA – le maitre luthier Jean-Henri Naderman, facteur de Harpe -1787
Le thème Europa de l'année 2014 met en avant les instruments de musique nationaux.
Comme chaque année, PostEurop organise un concours pour le timbre Europa. Il sera ouvert au public du 9 mai 2014 (Journée de l'Europe) au 31 août 2014.
Tous les internautes pourront découvrir et voter en ligne pour leur timbre préféré sur le site Internet de PostEurop (www.posteurop.org/europa2014).
La Poste française présente : la harpe de Jean-Henri Naderman – 1787
La harpe est un instrument de musique à cordes pincées de forme le plus souvent triangulaire muni de cordes tendues de longueurs variables dont
les plus courtes donnent les notes les plus aiguës. C'est un instrument asymétrique, contrairement à la lyre dont les cordes sont tendues entre deux montants
parallèles. Au début, il existait deux sortes de harpes : la harpe arquée et la harpe angulaire. Elle est, avec la flûte et certains instruments à percussion,
l'un des plus anciens instruments de musique. Elle est peut-être née de l’arc musical dont la corde, tendue et relâchée, vibre et émet un son.
L’origine de la harpe remonte à la Mésopotamie (actuel Irak). Les premières harpes et lyres
ont été trouvées à Sumer (Sud de l'Irak) vers 3500 av. J.-C. - plusieurs de ces harpes étaient déposées
dans les sépultures et les tombes royales à Ur (Tell al-Muqayyar). Elle est connue des musiciens
de l'Egypte antique, comme de Sumer et de Babylone. La harpe s'est répandue à travers
les diverses civilisations et tous les continents sous des formes différentes.
En Europe, elle est signalée au Sud-Est de l'Ecosse sur des pierres "pictes" aux alentours
du IXe siècle après J.-C., et en Irlande pendant le haut Moyen-âge. Elle a alors pris sa forme
moderne : triangulaire, posée sur la pointe et dotée de la colonne qui relie la console
(où s'accrochent les cordes) au bas de la caisse de résonance.
Les harpes triangulaires occidentales : harpe diatonique, ou à pédales
En 1697, un luthier bavarois, Jacob Hochbrücker, imagina un mécanisme qui, à l'aide de pédales
permit d'effectuer certaines modulations. Cette harpe fut introduite en France vers 1749.
C'est une harpe à simple mouvement : 7 pédales à 2 positions pour chacune, relevée ou abaissée.
Marie-Antoinette jouant de la harpe dans sa chambre à Versailles
(gouache de Gautier d'Agoty (1740-1786) - Photo RMN - P. Bernard
Harpe, J.-H. Naderman, Paris, 1787 © Cité de la musique
Jean-Henri NADERMAN (1735 à Fribourg - décédé en 1799 à Paris)
Un des facteurs parisiens de harpe les plus renommés : de nombreux aristocrates comptent parmi sa clientèle et ses instruments, souvent richement sculptés
et dorés, atteignent des prix fort élevés. Après avoir reçu le titre de "Luthier de Madame la Dauphine" en 1772, il se prévaut de celui de "Luthier ordinaire
de la Reine" dès 1774. Il est fort vraisemblable que la reine Marie-Antoinette, qui appréciait et jouait de l’instrument, ait eu dans sa collection une ou plusieurs
harpes de J-H. Naderman. Reconnu par la profession, il est maître-juré de la corporation des facteurs d’instruments de 1773 à 1775.
A l’exception d’un système de sourdine et d’un jeu d’harmoniques, qu’il met au point sous la houlette du harpiste Jean Baptiste Krumpholtz (1747-1790),
il ne semble pas qu’il ait apporté, de sa propre initiative, de notables innovations à un modèle de harpe alors très répandu
que l’on nomme aujourd’hui harpe à crochets et qui constitue l’essentiel de sa production conservée à ce jour.
Fiche technique : 05/05/2014 - réf. 11 14 070 - Europa - Harpe 1787 Timbre à date - P.J. : 04.05.2014
Jean Henri Naderman (1735-1799), luthier de la reine Marie-Antoinette. Strasbourg (67-Bas-Rhin)
Mise en page : les Designers Anonymes © les Designers Anonymes Mantes-la-Jolie (78-Yvelines
Impression : Héliogravure - Support : Papier gommé - Couleur : Quadrichromie et le mardi 06.05.2014
Dentelure : 13¼ x 13 - Format du timbre : V 40,85 x 52 mm (36 x 48) Paris (75) au Carré d'Encre
Barres phosphorescentes : Non
Faciale : 0,83 € - Lettre Prioritaire jusqu'à 20g - Europe
Présentation : 30 timbres à la feuille (5 bandes de 6 TP) - Tirage : 1 000 000
Cette harpe, d’un modèle spécial fabriquée par le célèbre Conçu par : les Designers Anonymes
luthier J-H Naderman, représente un trésor rarissime de la collection
de la Cité de la Musique. Seuls cinq autres exemplaires sont connus
dans le monde. Des six harpes, l’exemplaire du musée conserve
presqu’intégralement la sourdine d’origine. Grâce à la conservation
remarquable de ce système dans l’état d’origine, l’instrument témoigne
d’une étape décisive de son évolution.
La facture si particulière de cette harpe est associée aux expériences réalisées dans les années 1780 à Paris, par le duo composé du facteur Naderman
et du harpiste renommé, Krumpholz. Ensemble, ils améliorent les ressources instrumentales de la harpe, par deux inventions majeures :
- un système de cinq volets d’expression mobiles (système dit "à renforcement") sur la caisse de résonance,
dont l’ouverture est actionnée par une pédale supplémentaire, située comme les autres pédales, dans la cuvette.
Volets d'expression mobiles : l'ouverture des volets, pendant le jeu, provoque chez l’auditeur le sentiment d’une plus grande
intensité de son et si le musicien multiplie les enfoncements de la pédale, il se produit un effet de vibrato. Cette innovation sera
reprise par d’autres facteurs de harpes, dont les instruments seront pourvus du système de volets tout au long du XIXe siècle.
Caisse de résonance : c'est le corps sonore de l’instrument formant une cavité et supportant la table d’harmonie.
C’est "l’enceinte acoustique" de l’instrument.
- un ingénieux système d’étouffoirs (ou sourdines), est commandé par une deuxième pédale supplémentaire.
Le son est transfiguré et considérablement enrichi.
Désormais, les effets de vibrato et de sourdine sont possibles, tout comme les nuances les plus contrastées.
Système d’étouffoirs (ou de sourdines) : système similaire à celui du clavecin, matérialisé sur la table d’harmonie
par un double galon de coton et une cordelette en soie, fixés de part et d’autre du chevalet et qui actionnent
et soutiennent les "étouffoirs" en buffle. Krumpholtz présente son innovation technique en janvier 1787
à l’Académie des Sciences. Il donne à l’instrumentiste la possibilité de contrôler la durée des sons.
Vibrato : l’effet vibrato consiste à faire onduler le son de l’instrument. Ce sont les volets qui produisent cet effet.
Les fines sculptures qui ornent la console, toutes en érable vernis brun rouge avec des rehauts
de dorure, sont similaires aux autres harpes fabriquées à l’époque par Naderman (frise de feuilles
de laurier se terminant en volute d'acanthe) ; de même que le décor peint sur la table d'harmonie.
Console : la partie supérieure en forme de col de cygne, très souvent en hêtre. Elle porte la mécanique
et les chevilles d’accord sur lesquelles s’enroulent les cordes.
Table d’harmonie : la partie supérieure de la caisse de résonance, en bois résineux (épicéa ou sapin),
sur laquelle les cordes sont tendues. Elle amplifie par ses propres vibrations celles des cordes.

