Page 4 - Journal Culturel de Metz - 2021-04
P. 4
Pont-en-Royans (38-Isère), situé à l'entrée des Gorges de la Bourne, relié par une route vertigineuse, taillée dans la falaise entre 1861 et 1872, est devenu l'une des portes d'entrée
du Parc Naturel Régional du Vercors. Le bourg, en des temps anciens, bénéficié de remparts, dont il ne reste que quelques rares vestiges, et d'un château du XVIIe siècle
(le troisième) détruit en 1945 lors d'un bombardement. L'origine du nom, vient d'un pont enjambant la Bourne (affluent gauche de l'Isère de 43 km de long) en ce lieu
et offrant ainsi un accès au massif du Vercors par le franchissement des gorges de la Bourne en direction de Choranche et Villard-de-Lans.
Logo et blasonnement : "Fascé d'argent et d'azur de six pièces, au lion de gueules brochant sur le tout".
La devise du village est ancienne et remonte au temps des comtes de Bellegarde, puis d'Albon. La famille
de Jean Robert d'origine noble, se nommait alors Bellegarde, puis plus tard Du gardier. Le Gardier est un curateur,
c'est-à-dire qui a la charge de veiller aux intérêts d'une personne. A la révolution, Jean Robert (procureur fiscal)
recevra cette charge en 1786 pour le pont, confiée par les Béranger / Sassenage. La devise du village que l'on retrouve
dans les anciens écrits des archives dauphinoises, est : "J'en ai la garde du Pont"
La première citation parle un certain pont "Chochignon" avant la révolution. Il aurait été à l'origine constitué de troncs
placés au-dessus du gouffre, rebâti en pierre par la suite et transformé à plusieurs reprises. Il est étroit, tout
au plus trois mètres, et son entrée démarre à la hauteur de la maison Thomas, sur l'actuel Pont Picard
(le "gouffre Picard", creux d'une dizaine de mètres sous le pont).
Pont-en-Royans au XIXe siècle (le pont et la porte du Merle) illustrée par Victor Désiré Cassien
(1808 - 1893, lithographe, graveur, dessinateur et photographe).
Au XIXe siècle, ce bourg décrit en 1838 dans les "Mémoires d'un touriste" d'Henri Beyle, dit "Stendhal" (1783-1842, romancier) fut également bien connu sous Napoléon III.
Sa notoriété dépassa largement les frontières de France, grâce aux routes creusées dans la roche karstique du Vercors (un exploit pour l'époque, qui contribua largement
à la renommée du savoir-faire du génie français). De ce fait, le Pont est élargi. La route de Villard est créée en 1872, la route de Sainte Eulalie actuelle est créée elle aussi
avant la fin du XIXe siècle, et la circulation des charrois de troncs de bois provenant de la "Route des Goulets" entraine un besoin d'élargissement.
De nombreuses maisons sont abattues (il y avait avant trois fois plus de maisons suspendues au-dessus du gouffre au XIXe siècle).
Le pont de pierre sur la Bourne Le musée de l'Eau, l'église, le village et ses maisons suspendues aux portes des Gorges de la Bourne, Une ruelle médiévale et la tour de l'Horloge.
A Pont-en-Royans, l'architecture initiale est due à une ingénieuse adaptation du village à l'environnement afin de favoriser son activité de négoce du bois. Le tournage
sur bois de buis fut longtemps une des activités principales de la ville. La tournerie Mayet, créée en 1856 a fermé en 1986, après avoir compté jusqu'à 120 ouvriers. Durant
la Seconde Guerre mondiale la place du Pont fut l'une des plaques tournantes des mouvements de Résistance, accueillant les nouveaux venus fuyant le STO et aidant à
la fondation de plusieurs camps de maquisards. Le bourg eut à subir deux bombardements allemands en juin et juillet 1944. Le musée de l'eau propose d'explorer l'eau
dans tous ses états au travers d'une muséographie interactive, ludique et pédagogique. Un bar à eau permet de goûter à plus de 900 eaux du monde en bouteilles.
Depuis Pont-en-Royans, la route des gorges de la Vernaison par les"Petits goulets" et les"Grands goulets" (partie fermée et remplacée depuis 2008 par un tunnel de 1,7 km)
Autour de Pont-en-Royans : le bourg se positionne également au confluent de la Bourne et de la Vernaison, avec le long de son parcours d'une trentaine de kilomètres, la route
des "Petits goulets" et des "Grands goulets" réalisée entre 1843 et 1854.De nombreux tunnels durent être creusés à la main pour franchir les deux falaises de l'urgonien en
longeant le cours encaissé de la Vernaison. Les nombreux éboulis et chutes de rochers détachés des falaises firent, au fil du temps, de nombreuses victimes. Le tronçon passant
par les "Grands Goulets" fut remplacé par un tunnel de 1700 m de longueur en 2008. Depuis, la route pittoresque est fermée à toutes circulations, même piétonnes.