Page 2 - Journal Culturel de Metz - 2021-04
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Claire ROMAN 1906 - 1941
Aussi célèbre dans les années 30, qu'Hélène BOUCHER ("Léno" 1908-1934, aviatrice) ou Maryse HILSZ (1901-1946, aviatrice, lieutenant de l'Armée
de l'Air), Claire ROMAN, née Claire-Henriette-Émilie Chambaud, le 25 mars 1906 à Mulhouse (68-Ht-Rhin), tuée dans un accident aérien dans les
environs de Puilaurens (11-Aude) le 4 août 1941. Elle fut une figure de l'aéronautique, injustement tombée dans l'oubli de ces aviatrices courageuses.
Après l'enfance dorée, bachelière, elle rejoint l'Angleterre pour étudier la langue, avant de s'inscrire à la Sorbonne aux cours de philosophie. Elle s'initie à
la peinture et passe également l'examen d'infirmière. Durant les années 1926 /27, elle voyage en Europe, Afrique et Asie avec son père directeur d'usine.
En 1929, elle épouse Serge Roman, lieutenant d'infanterie médaillé, mais celui-ci, SFCA Maillet 21 de juil.1935 (Maillet 20 n°2 - modifié)
très marqué par sa participation à la Première Guerre mondiale, s'enfonce dans
l'inaction et la tristesse et se suicide le 22 mars 1932. Très affectée par ce drame,
Claire abandonne alors son train de vie bourgeois pour s'engager comme infirmière
de la Croix-Rouge au Maroc. Séduite par le vol des avions au-dessus de Meknès,
elle décide d'apprendre le pilotage. Le 26 nov.1932, elle obtiendra
son brevet de pilote de tourisme. En 1933, elle est chargée de convoyer un
appareil Caudron de Meknès à Paris. Elle décide alors de revivre à Paris où elle
s'inscrit à l'aéroclub Roland-Garros d'Orly pour y apprendre le pilotage de
différents types d'appareils : Caudron C.272, Morane-Saulnier et Potez 43.
En juillet, elle s'inscrit à l'aéroclub Caudron de Guyancourt, puis en novembre part en Angleterre où elle apprend le pilotage d'autres types d'avions et s'initie au vol de nuit. Durant le
mois d'août 1935, sur un appareil Morane-Saulnier, elle s'initie à la voltige aérienne, et le 31, elle participe à la première "Coupe Hélène Boucher" sur Maillet 21, où elle se classe
deuxième. En octobre, sur un SFCA Maillet 20F, elle participe au Tour de France des prototypes, où elle est l'unique aviatrice. Tout en poursuivant son travail pour la Croix-Rouge,
le 28 oct.1936, elle obtient son brevet de pilote de transport. Elle est désormais habilitée à faire du convoyage professionnel et à donner des cours en tant qu'instructeur. L'année 1937
sera la plus belle de sa carrière : grand raid Paris- Pondichéry (Inde) et retour, à bord d'un Salmson D-2 "Phrygane" (triplace de 1934) / record d'altitude féminin à 2 801 m (21 oct.) /
record d'altitude féminin sur monoplace à 6 241 m (5 nov.) / record féminin d'altitude, catégorie 2 à 6 782 m (29 déc.) / record de vitesse sur 2 000 km à la moyenne de 245 km/h (30 déc.).
Durant l'année 1938, elle n'effectuera que 40 heures de vol, en raison d'une situation internationale tendue, mais elle en profitera pour passer les brevets A, B et C de vol à voile.
En sept. 1939, Claire Roman est réquisitionnée avec trois autres pilotes Maryse Bastié (1898-1952, aviatrice, capitaine
de l'Armée de l'Air et résistante), Maryse Hilsz et Paulette Bray-Bouquet (1901-1954, aviatrice de l'Armée de l'Air) pour convoyer
des avions vers le front. Capturée par les allemands en juin 1940, près de Rennes, elle parvient à s'évader dans des
conditions rocambolesques, en prenant les commandes d'un avion de guerre "North American NAA-57", dont elle
ignorait tout du pilotage. Citée à l'ordre de l'armée et décorée de la Croix de guerre, elle rejoint la base de l'Armée de l'air
de Bordeaux et reprend immédiatement ses missions dans le Sud-Ouest. Elle est démobilisée à la suite de la dissolution
du corps féminin, fin août 1940, et reprend ses activités d'Infirmière Pilote Secouriste de l'Air (IPSA).
North American NAA-57 livré à la France en 1939/40
Disparition de Claire Roman le 4 août 1941 : Claire a embarqué à bord du Caudron C445 "Goéland" (F-AOMR )
au départ de Vichy (03-Allier - régime de Vichy, en zone libre) pour visiter sa mère malade à Pau (64-Pyrénées Atlantiques).
Ils sont trois à bord de l’avion : le pilote Max Rives, le radionavigant Jean-Marie Joly et Claire Roman, passagère.
Direction plein Sud, mais à l'approche des Pyrénées, la météo se dégrade, et
dans l'Aude, à proximité de Puilaurens (55 km au Sud de Carcassonne), l’avion
est pris dans un orage, la visibilité est pratiquement nulle et le pilote ne peut
éviter le pic boisé. Les habitants des environs ayant entendu le bruit se sont
rendu sur le lieu du crash, mais ne pouvaient plus rien pour les aviateurs.
L'épave sera évacuée et le souvenir de l'accident s'estompera progressivement.
Mais en juillet 2016, une équipe d'Aérocherche retrouve des morceaux.
Maquette réaliste du Caudron C445 Goéland - F-OAMR (de mars 1939)
aux couleurs conformes aux instruction du régime de Vichy (jaune canari vif)
Informations sur la recherche : AEROCHERCHE - 24 Allées Georges Brassens 31700 Blagnac
L’archéologie aéronautique a pour but de faire revivre l'Histoire des avions et de ses navigants, grâce à l'humain, la technique et l'histoire.
Le 14 Janvier 2015, le musée "Aeroscopia" a été inauguré, dans la capitale mondiale de l'aéronautique : Toulouse (31-Haute-Garonne) - Site musee-aeroscopia.fr
Pierre CLOSTERMANN 1921 - 2006
Pierre-Henri Clostermann est né le 28 fév.1921 à Curitiba (Sud du Brésil) et décède le 22 mars 2006 à Montesquieu-
des-Albères (66-Pyrénées-Orientales). Il est le fils de Jacques Louis Félix Clostermann, diplomate en mission, d'origine
alsacienne, héros de la guerre de 1914-18 et d'une mère, infirmière à Rouen en 1918, originaire de Forbach (Lorraine),
née Madeleine Carlier. A 9 ans il est envoyé en France, en pensionnat, à l’école Notre Dame de Boulogne. Son oncle,
Robert Aubry, ancien pilote de l'escadrille de Joseph Vuillemin (1883-1963, sur Breguet XIV en 1917-18), s’occupait
de lui les week-ends et l’enfant qu'il était fut rapidement passionné par l'aventure aérienne. Pierre avait d'autres
passions, la marine, les grands navires et les voyages lointains, au travers des livres de la bibliothèque de l'école.
En 1935, après quelques péripéties durant son parcours scolaire, il rejoint son père durant les vacances en vue de réaliser
un rêve : son baptême de l’air, sur un hydravion géant Latécoère 521 qui était stationné sur l’étang de Biscarosse
En 1936, il passe avec succès deux baccalauréats avant de retourner au Brésil, rejoin(dLraendseess).parents et préparer celui de philosophie au lycée français de Rio de Janeiro.
Inscrit à l’aérodrome de Manguinhos, il passe et obtient son brevet à 16 ans, son instructeur en voltige est Karl Benitz, un allemand qui sera abattu en 1943 sur le front russe.
Devant attendre ses vingt ans révolus pour se présenter au concours de l’Ecole de l’Air, il obtient une bourse à la Ryan School (au Caltech, Institut de technologie de Californie) et devient
ingénieur en aérodynamique. Durant cette période, sponsorisé par Paulo de Bettencourt, directeur du journal "Correio da Manhã" (Pierre y rédige des articles sur l'aéronautique),
il dessine et construit un avion monoplan biplace propulsé par un moteur Franklin de 137 chevaux, le "HL2", qu'il fera voler, mais dont il ne pourra pas suivre l'évolution.
C'est par la presse américaine que Pierre Clostermann apprend l'Appel du Général de Gaulle.
Il gagne l'Angleterre et s'engage le 18 mars 1942 dans les Forces Aériennes Française Libres.
Il a déjà 315 heures de vol à son actif. Il est sélectionné pour les 8 mois de cours d’élève-officier au RAF
College Cranwell (Lincolnshire) durant lesquels il se perfectionne sur Miles Master (ci-contre).
Après avoir effectué sa conversion opérationnelle à l'Operational Training Unit 61 à Rednal (Pays
de Galles), il est affecté le 22 janv.1943 au Groupe de Chasse III/2 Alsace (escadron français 341)
à Turnhouse (Écosse) en janvier 1943. Il découvre et se perfectionne sur le Supermarine Spitfire.
Le 12 mai , il est abattu au-dessus de la manche par un Messerschmitt 109 et saute en parachute.
Il remporte ses deux premières victoires le 27 juil. 1943, au cours d'un combat contre
des Focke Wulf ; mais le 27 août, alors qu'il vole comme ailier du Commandant René
Mouchotte, celui-ci est abattu et Pierre remporte sa troisième victoire sur un F.W.190.
Le 28 sept.1943, il est affecté au Squadron 602, surnommé "City of Glasgow".
Il pilote le Supermarine Spitfire F Mk IX-C - LO-D - série MH526. Le 7 janvier 1944,
il attaque au-dessus d'Abbeville une formation de 3 F.W.190 et endommage l'un d'entre eux.
Il en abat 3 à 5 autres en juin 1944, sur le front de Normandie. Le 11 juin, il se pose pour
la première fois en France.sur le terrain de Bazenville (Calvados). Le 6 juillet il reçoit
la Distinguished Flying Cross (DFC), avec 11 victoires confirmées sur Spitfire.
Le 7 juil.1944, après l’équivalent de deux tours d’opérations, sur près de 600 jours, il est envoyé au repos en Angleterre. A la demande de Charles de Gaulle, il est inscrit sur la liste
des pilotes des FAFL que le Général veut empêcher de retourner au combat. En sept.1944, Pierre part suivre les cours de la Central Gunnery School de Catfoss (Yorkshire).