Page 6 - Journal Culturel de Metz - 2013-09
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Les Frères Limbourg - Les Très Riches Heures du Duc de Berry
                            © RMN – Grand-Palais (domaine de Chantilly - Musée Condé) / René-Gabriel Ojéda

            Pol, Johan et Hermann Gebroeders van Limburg de Gueldre, dits "Frères de Limbourg", nés vers 1380 à Nimègue  (Pays-Bas), sont des peintres
             et enlumineurs néerlandais. Ils sont issus d'une famille de peintres blasonneurs, fils d'un sculpteur sur bois et neveux du peintre Jean Malouel.

                                Sur un total de 206 feuillets, le manuscrit contient 66 grandes miniatures et 65 petites.
           La conception du livre, longue et complexe, a fait l'objet de multiples modifications et revirements. Pour ses décors, miniatures mais aussi calligraphie,
        lettrines et décorations de marges, il a été fait appel à de nombreux artistes, mais la détermination de leur nombre précis et de leur identité reste à l'état d'hypothèse.

         Réalisées en grande partie par des artistes venus des Pays-Bas, à l'aide des pigments les plus rares, les peintures sont fortement influencées par l'art italien
                                                                                                       e
                                                                                                  e
             et antique. Après un oubli de trois siècles, les Très Riches Heures ont acquis rapidement une grande renommée au cours des XIX  et XX  siècles,
              malgré leur très rare exposition au public. Les miniatures ont contribué à façonner une image idéale du Moyen Âge dans l'imaginaire collectif.
                 C'est particulièrement le cas des images du calendrier, les plus connues, représentant à la fois des scènes paysannes, aristocratiques
                        et des éléments d'architectures médiévales remarquables. Il s'agit de l'un des plus célèbres manuscrits enluminés.

                                                                                              er
                                                                          Fiche technique : enveloppe 1  jour de Chantilly
                                                                               27/09/1965 - retrait : 10/09/1966
                                                                       Série œuvres d'art : Les très riches heures du Duc de Berry
                                                                                 D'après les frères Limbourg
                                                                        Œuvre exposée au musée Condé à Chantilly (60 - Oise)

                                                                      Dessin et gravure : René COTTET - Impression : Taille-Douce
                                                                   rotative 6 couleurs - Support : Papier gommé - Couleur : Polychromie
                                                                      Format : H 52 x 40,85 mm (48x36,85) - Dentelures : 12½ x 13
                                                                         Valeur faciale : 1,00 F - Présentation : 25 TP / feuille
                                                                                    Tirage : 7 647 000







             Les Très Riches Heures du duc de Berry est un livre d'heures

                 C'est un livre liturgique destiné aux fidèles catholiques laïcs,
                      à l'inverse du bréviaire destiné aux clercs)
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             commandé par le duc Jean I  de Berry aux frères Paul, Jean et Herman
            de Limbourg vers 1410-1411, et conservé au musée Condé à Chantilly.
          Inachevé à la mort des trois peintres (peste de 1416) et de leur commanditaire,
           le manuscrit est probablement complété, dans certaines miniatures du calendrier,
                     par un peintre anonyme dans les années 1440.

              Certains historiens de l'art y voient la main de Barthélemy d'Eyck.
          En 1485-1486, il est achevé dans son état actuel par le peintre Jean Colombe
                          pour le compte du duc de Savoie.
          Acquis par le duc d'Aumale en 1856, il est toujours conservé dans son château
            de Chantilly, dont il ne peut sortir, en raison des conditions du legs du duc.



















                                                                                    Octobre, folio 10


             La scène paysanne du premier plan représente les semailles. Ã droite, un homme sème à la volée. Des pies et des corneilles picorent les graines
            qui viennent d'être semées, à proximité d'un sac blanc et d'une gibecière. Derrière, un épouvantail en forme d'archer et des fils tendus, sur lesquels
               sont accrochés des plumes, sont destinés à éloigner les oiseaux. À gauche, un paysan à cheval passe la herse sur laquelle est posée une pierre
            qui permet aux dents de pénétrer plus profondément dans la terre. Il recouvre ainsi les grains qui viennent d'être semés. C'est un cheval qui herse
                 et non des bœufs car ses sabots plus légers écrasent moins le sol. Sa couverture est découpée en lanière afin d'éloigner les insectes.

                 À l'arrière-plan, le peintre a représenté le Palais du Louvre, tel qu'il fut reconstruit par Charles V. Du château au centre, on distingue,
        outre le donjon central qui accueillait alors le trésor royal, la façade orientale à droite, encadrée par la tour de la Taillerie et la tour de la Chapelle, et à gauche
         la façade méridionale, avec ses deux tours jumelées au centre. L'ensemble est entouré d'une enceinte ponctuée de trois tours et de deux bretèches, visibles ici.
           Sur la rive, des personnages conversent ou se promènent. C'est la seule représentation de bourgeois de tout le calendrier, personnages habituellement
               plus présents dans les livres d'heures flamands de l'époque. Des barques sont amarrées à la berge. Comme celle de juin, la scène est prise
                                 depuis les bords de Seine, à proximité de l'hôtel de Nesle, en regardant vers le Nord.
              L'attribution aux frères de Limbourg est contestée par Luciano Bellosi pour qui, d'après le costume des personnages dans la scène du fond,
               notamment leurs culottes et leurs chapeaux, les silhouettes, les ombres et les reflets, la scène n'a pu être peinte que dans les années 1440.
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