Page 4 - Journal Culturel de Metz - 2013-09
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Porte Sainte-Anne - façade occidentale (portail situé à droite)
1er linteau : mariage de Marie et de Joseph (XIIIème s)
(détail encadré en rouge sur la photo d'ensemble du tympan)
Il a été installé vers 1200 avant les deux autres portails de la façade. Son tympan est le remploi d’un tympan précédent fait une cinquantaine
d’années plus tôt pour l’ancienne cathédrale Saint-Etienne. On remarque en son centre une merveilleuse Vierge à l’Enfant encore de style roman,
avec toutes les caractéristiques d’élégance et de sérénité des vierges en majesté. Ainsi sous un dais et sur un trône, elle porte une couronne
et un sceptre et serre sur ses genoux son fils qui tient le Livre de la Loi. Elle nous regarde et nous montre l’Enfant qui nous bénit et tous deux
nous incitent à pénétrer dans la cathédrale pour se recueillir et pour prier. De part et d’autre du trône se trouvent un ange, puis à gauche un évêque
de Paris et peut-être son trésorier, à droite un roi de France. L’évêque pourrait être Saint Germain et le roi Childebert, mais aucun de ces trois
derniers personnages n’a pu être identifié avec certitude. Au-dessus du tympan, dans les voussures concentriques, nous voyons toute la cour céleste
(Anges, Rois, Prophètes et Vieillards de l’Apocalypse) chanter la gloire de Dieu, merveilleux monceau d’harmonie et de finesse sculpturale.
Les deux linteaux au-dessous du tympan retracent dans deux belle frises sculptées :
- linteau inférieur : le mariage de Joachim et d’Anne et celui de Marie et de Joseph
- linteau supérieur : les scènes de la venue sur terre du Christ, allant de l’Annonciation jusqu’à l’Epiphanie.
Dais de Charles VII © RMN – Musée du Louvre, Distr. RMN – Grand-Palais / Martine Beck Coppola
Un dais, selon le dictionnaire de l’Académie Française est : un ouvrage de bois ou de tenture fixé sur un châssis, disposé en marque d’honneur
au-dessus du maître-autel d’une église, d’un trône, de la place d’un grand personnage, etc. »
Charles VII est né à Paris le 22 février 1403 et décédé à Mehun-sur-Yèvre, le 22 juillet 1461.
Fils de Charles VI et d’Isabeau de Bavière, il est Roi de France de 1422 à 1461 après avoir été sacré à Reims le 17 juillet 1429,
grâce notamment à l’intervention de Jeanne d’Arc.
Dais de Charles VII ( tapisserie du XVe siècle découverte (09/2008)
dans une demeure privée et acquise par le Musée du Louvre
Jacob de Littemont (probablement), peintre de Charles VII,
d’origine flamande - Vers 1430-1440 - Laine et soie - 285 × 292 cm.
Cette tapisserie permettait, lorsque le roi était assis sur son trône,
de faire apparaître derrière lui deux anges descendant du ciel pour le couronner,
affirmant ainsi l’essence divine de sa royauté.
La tapisserie était placée derrière le roi, qui apparaissait comme couronné
par les anges, signifiant ainsi qu’il tenait son pouvoir directement de Dieu.
La composition du dais est extrêmement sobre :
sur un fond rouge vermeil se détache un grand soleil à douze branches, dont les faisceaux de rayons sont chargés d’une multitude d’astres, tandis que
deux anges en vol, vêtus de tuniques fleurdelisées, tiennent une couronne. L’analyse de l’emblématique a permis d’assurer la provenance royale
de cette œuvre : le soleil d’or sur fond vermeil fit en effet partie des devises adoptées par les rois de France au XVe siècle.
Si Charles VI – roi de France de 1380 à 1422 – fut le premier à l’utiliser, le style de la tapisserie, en particulier les plis cassés des aubes des anges,
ne correspond pas à l’époque de son règne. En revanche, cette devise caractérise les débuts du règne de son fils Charles VII (1422-1461),
dit "le Victorieux", datation qui correspond à l’émergence d’un style nouveau, où perce l’influence flamande.
L’état de conservation exceptionnel du dais et son intérêt historique ne sont pas tout. L’œuvre est d’une beauté à couper le souffle.
L’auteur du carton a été identifié : il s’agit vraisemblablement de Jacob de Littemont, peintre de Charles VII,
auteur notamment de la verrière de l’Annonciation de la cathédrale de Bourges, vers 1450.

