Page 5 - Journal Culturel de Metz - 2022-03
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07 - Roald AMUNDSEN 1872-1928 - Conquête du Pôle Sud (Private Collection © Giancarlo Costa / © Bridgeman Images)

  Roald Amundsen (marin, explorateur polaire, chercheur et écrivain norvégien) est né le 16 juil.1872 à Borge (Norvège), il disparait le 18 juin1928 vers l'île aux Ours (Norvège, mer de Barents).

     En 1898, il participe à l'expédition polaire belge d'Adrien, baron de Gerlache de Gomery (1866-1934, officier de marine, explorateur et diplomate belge) qui réalise le premier
     hivernage en Antarctique (continent Austral ou pôle Sud). En 1905, il est le premier à franchir le passage du Nord-Ouest (par l'océan Arctique) reliant les océans Atlantique

                   et Pacifique par les îles arctiques du grand Nord canadien (praticable par voie maritime, pendant le court été arctique, car pris par les glaces le reste de l'année).
Parti le 19 oct.1911 de sa base de la "Baie des Baleines" (port naturel de glace, au Nord de l'île Roosevelt) avec quatre hommes et 52 chiens, il a devancé d'un mois son concurrent parti 4 jours plus tôt,
le britannique Falcon Scott (1868-1912, officier de la Royal Navy et explorateur polaire, qui décèdera avec son équipe, sur le chemin du retour du pôle Sud, en janvier 1912). Amundsen et son équipe de 4 personnes,

              furent donc les premiers hommes à atteindre le pôle Sud, le 14 déc.1911 vers 15 h. Ils hisseront un mat haut de 4 m. aux couleurs du drapeau norvégien, dès leur arrivée.
     L'aviation attire Amundsen, qui obtient son brevet de pilote en 1918. Roald Amundsen, au côté d’Umberto Nobile (1885-1978, ingénieur aéronautique et explorateur italien) et
du sponsor américain Lincoln Ellsworth (1880-1951, explorateur polaire) sont les premiers hommes à avoir survolé le pôle Nord, le 11 mai 1926 à 1h25 GMT, à bord du dirigeable

                                                             semi-rigide à hydrogène "Norge" (conçu par Nobile et construit en Italie par la SCA).
     18 juin 1928 - disparition de Roald Amundsen : apprenant l'accident de Nobile et de son équipage, à bord du dirigeable "Italia", qui s'est écrasé au Nord du Spitzberg

          (Norvège), en revenant du pôle Nord ; Roald fait appel à la France et participe à la mission de recherche et sauvetage, à bord du nouvel hydravion Latham 47
                         de la Marine nationale française, mais il disparait le 18 juin avec tout l'équipage. Noble sera retrouvé vivant quelques jours plus tard.

                                          08 - Nellie BLY 1864-1922 - Tour du monde en 72 jours (Private Collection Photo © Aunaies / © Bridgeman Images)

     Elizabeth Jane Cochrane, dite Nellie Bly est née le 5 mai 1864 à Cochran's Mills (Burrell Township, Pennsylvanie, Etats-Unis), elle décède le 27 janv.1922 à New-York (Etats-Unis).

Elizabeth est engagée au journal "Pittsburgh Dispatch", suite à un article rédigé par ses soins, consacré à la famille, au divorce et aux enfants, avec pour pseudonyme "Nellie Bly",
  d'après une chanson de Stephen Foster (1826-1864, écrivain, poète, auteur compositeur et interprète) interprétée en 1850. Son premier reportage, durant l'année 1880, concerne une

fabrique de conserves. Elle raconte la vie des ouvrières et leurs conditions de travail très difficiles, dans le froid, la saleté et le danger. Ce premier reportage, accompagné de
 photographies, fait exploser les ventes du journal. Elle va alors s'infiltrer dans d'autres entreprises pour écrire des articles de l'intérieur. Ce sont les prémices du journalisme
   d'immersion et d'investigation. En 1886, elle voyage au Mexique pour le journal, écrivant des articles sur les mœurs et coutumes, la vie culturelle, artistique et politique
    du pays. En mai 1887, elle quitte le journal et se rend à New-York, où elle pose sa candidature au New York World de Joseph Pulitzer (1847-1911, journaliste) qui la recrute.
     Sa première tâche consiste ainsi à écrire un article au sujet d'un asile de fous pour femmes, le "Blackwell's Island Hospital" à Roosevelt Island (East River à New-York).
    Elle se fait passer pour malade et s'invente des problèmes psychiatriques afin d'y être internée. Après une nuit d'entraînement, l’illusion est parfaite : tous les médecins
     la déclarent folle et se prononcent pour son internement. Elle reste dix jours dans l'hôpital. Le reportage fait la une de toute la presse et fait scandale en dévoilant les
  conditions épouvantables des patientes et les horreurs des méthodes utilisées (nourriture avariée, eau souillée, bâtiments infestés). Il amène un changement radical des pratiques.
                        Ce mode de journalisme, le reportage clandestin, devient sa spécialité. En 1889, elle publie un roman, "The Mystery of Central Park".
En nov.1889, pour un concours entre deux journalistes américaines, elle va entreprendre un tour du monde, en 72 jours, sur les traces de Phileas Fogg (héros du Tour du monde
                         en 80 jours de Jules Verne, paru en 1872), battant sa rivale Elizabeth Wetmore, née Bisland (1861-1929, journaliste et femme de lettres) de 4 jours.
   Elle entame ce voyage de 40 070 km à Hoboken (New Jersey, côte Atlantique) le 14 nov.1889 à 9 h 40, pour le terminer le 25 janv.1890 à 15h51. Ce voyage a duré exactement
 72 jours, 6 h, 11 mn et 14 s. un record pour l'époque, battu quelques mois plus tard de 5 jours, par l'excentrique George Francis Train (1829-1904, homme d'affaires, auteur de récits

              de voyages, son voyage de 1870 autour du monde, aurait influencé Jules Verne). Jules Verne ayant reçu une dépêche l'informant de la réussite, répondra dans l'Echo de la Somme :

         "Amiens, 25 janvier - Jamais douté du succès de Nellie Bly, son intrépidité le laissait prévoir. Hourra ! Pour elle et pour le directeur du World ! Hourra ! Hourra ! "
    Le 26 janv.1890, dès son arrivée, le New York World publie un jeu de l'oie en son honneur. Nellie Bly raconte son tour du monde dans le livre, devenu un classique de

                          la littérature journalistique américaine, "Le Tour du monde en 72 jours" - elle y détaille son voyage autour du monde en 72 jours.
Le 5 avril 1895, Nellie Bly se marie et s'éloigne du journalisme. Elle participe aux côté de son époux, puis dirige la fabrique de bidons métalliques pour le lait et de diverses
inventions de ce domaine. Elle instaure de nombreuses réformes (salaire journalier, investissement dans des centres de loisirs, des bibliothèques pour les ouvriers, etc.), mais son ignorance des
affaires et les malversations de son directeur d'usine provoquent sa banqueroute. Poursuivie par les créanciers, elle se rend au Royaume-Uni pour devenir correspondante de
guerre lors de la Première Guerre mondiale, sous son nom de journaliste. Après la guerre, de retour à New York, elle reprend ses articles sur le monde ouvrier, sur l'enfance

                              et œuvre pour le droit de vote des femmes. Elle décède le 27 janv.1922 d'une pneumonie aiguë, et est inhumée dans le Bronx.

                                     09 - Gertrude BELL 1868-1926 - Exploration du Moyen-Orient (Private Collection Prismatic Pictures / © Bridgeman Images)

Gertrude Bell est née le 14 juil.1868 à Washington (Royaume-Uni), elle décède le 12 juil.1926 à Bagdad (Irak), c'est une archéologue, exploratrice, écrivaine, femme politique, espionne et diplomate britannique.

   Gertrude Bell est la petite-fille d'un maître de forges et homme politique libéral. Elle a été la première femme à obtenir un diplôme en histoire moderne à la prestigieuse
Université d'Oxford. Elle se montrera curieuse de tout et jouira des moyens financiers de son grand-père, afin d’effectuer de très nombreux voyages, aux quatre coins du globe.

  De 1886 à 1902, elle effectuera des passages dans des pays qu’elle désirait étudier tels que l’Allemagne, la France, l’Italie ou encore l’Empire ottoman. Elle effectuera deux
tours du monde, séjournant durant des périodes plus ou moins longues dans des pays aussi variés que l’Inde, la Chine, les États-Unis, le Japon, le Canada, la Suisse ou encore

   la Corée du Sud. Passionnée par la photographie, mais également l’alpinisme, elle deviendra notamment la première Britannique ayant traversé la Meije (1899) et les Drus
  (en 1900) et gravira plusieurs fois le mont Blanc. Toutefois durant ces voyages de jeunesse, elle habitera à Jérusalem où elle apprendra l’arabe, mais également le persan.
  Gertrude Bell est historienne et archéologue. Elle retournera dans l’Empire ottoman en 1907 pour participer à des fouilles (en Turquie et Syrie). Puis elle y reviendra en 1909
   et s’installera à Babylone (actuelle Bagdad en Irak). Lors de plusieurs allers-retours pendant la Première Guerre mondiale, elle participera à des découvertes dans le palais

           de Nabuchodonosor II (605 à 562 av. J.-C., roi de l’Empire néo-babylonien). Elle découvrira également entre autres des sites tels que le palais abbasside d’Ukhaidir

                                                                        (grande forteresse rectangulaire érigées en 775 après J.-C.- P.M.Unesco 2000 - actuel Irak).

     En 1915, Gertrude Bell intègre le Bureau arabe du Caire (Égypte britannique), l’agence britannique de renseignement sur le Moyen-Orient, où elle occupera la fonction
d’officier de liaison. Deux années plus tard, elle suit les troupes britanniques traversant la Mésopotamie en direction de Bagdad afin de chasser l’armée ottomane. Propulsée

  "secrétaire orientale", un poste diplomatique important, elle assumera la mission de façonner les contours politiques et géographiques d’un futur état irakien sous mandat
  britannique. Elle convaincra les différents chefs de la région et Winston Churchill de placer Fayçal ben Hussein al-Hachimi à la tête de l’Irak. Leader des révoltes arabes,
  il deviendra Fayçal Ier, roi d’Irak de 1921 à 1933. Cette décision avait une portée géopolitique : elle devait censée permettre un meilleur contrôle de la zone par les autorités
britanniques. L'acuité politique de Bell était telle que Thomas Edward Lawrence, dit Lawrence d’Arabie (1888-1935, officier et écrivain), qu’elle appelait "mon petit", a pu jouer
   le rôle capital qui fut le sien dans les révoltes arabes (1916 à 1918) contre la domination de l’Empire ottoman. Elle critiquera vivement la Déclaration Balfour (2 nov.1917)
 ayant ouvert la porte à "un foyer national pour le peuple juif" en Palestine. Elle craignait une grande hostilité de la part des peuples arabes de la région et un danger pour
  les minorités juives installées au Moyen-Orient. De plus, elle évaluera la montée en puissance d’Abdelaziz ben Abderrahmane Al Saoud, dit Ibn Saoud (1902 à 1932, chef,

    sultan et roi de la dynastie saoudienne) dans la proche Péninsule arabique. Il détrônera les Rashid et les Hachémites pour devenir le premier roi de l’Arabie Saoudite en 1932.
       Gertrude Bell semblait dévouée à l’Irak elle y était en permanence dans les années 1920 ; jusqu’à son décès d'une overdose de médicaments, le 12 juil.1926 à Bagdad.
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