Page 4 - Journal Culturel de Metz - 2017-06
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La découverte de Vicat a eu une influence énorme sur le développement des grands travaux exécutés en France
et dans le monde entier, pour la construction et l'entretien des canaux, des écluses, des voies ferrées, des ponts,
des chaussées, des jetées maritimes, des ports, etc. Pour continuer ses travaux sur les ciments et les mortiers,
Vicat inspecta une partie de la France, et notamment les bassins du Rhône et de la Garonne, pour y découvrir
les gisements de chaux hydraulique naturelle. En même temps, il donna aux ingénieurs des départements
les instructions nécessaires pour la préparation industrielle de ce produit devenu indispensable.
En 1840, avec la découverte des principes d'hydraulicité des ciments lents (dits ciments Portland), il obtient
"le clinker", résultant de la cuisson à 1450°C, d'un mélange composé de 75 % de calcaire et 25 % de silice.
En 1855, Louis et son fils Joseph, construisent le premier "pont en béton coulé" du monde,
dans le Jardin des plantes à Grenoble
En février 1857, une cimenterie industrielle sera fondée et installée sur le site de Genevray à Vif (38-Isère)
par son fils Joseph (1821- 1902, polytechnicien). Elle a toujours eu une importante activité de recherche
en maîtrisant les processus de fabrication. Elle crée un ciment qu'on appellera "ciment prompt", qui se
caractérise par une prise rapide et une couleur particulière. Le calcaire est extrait de la carrière de Champrond,
puis transporté dans des tombereaux, jusqu’à l'usine du Genevray. La pierre calcaire est cuite par la méthode
de la double cuisson, mise au point par Louis Vicat dans les fours biberons. Une batterie de 42 fours à chaux
sont chargés à la main, avec une couche de calcaire, puis une couche de briquette d'anthracite de la Mure.
La cuisson et le défournement prennent 8 jours. La pierre cuite est ensuite broyé
finement dans les 8 moulins utilisant la force du courant du Torrent de la Gresse.
L'entreprise Vicat fera construire des logements pour le personnel nécessaires
à l'exploitation de la carrière, au transport et au fonctionnement de la cimenterie.
En 2000, la cimenterie est démantelée et il ne reste aujourd'hui, que l'ancienne
maison vandalisée du directeur et une batterie de fours biberons en mauvais état.
Louis Vicat décède à Grenoble le 10 avril 1861.
Il a laissé une grande quantité de mémoires publiés dans les "Annales de
physique et de chimie" ainsi que divers ouvrages dont les plus importants
sont ses "Recherches expérimentales sur les chaux de construction,
les bétons et les mortiers ordinaires" (1818) et ses "Recherches sur les causes
chimiques de la destruction des composés hydrauliques par l'eau de mer,
et sur les moyens d'apprécier leur résistance à cette action" (1856).
Joseph Vicat, fils de Louis "Fours biberons", encore visible de nos jours.
Distinctions : Louis Vicat est Commandeur de la Légion d'Honneur, Chevalier de l'Ordre des Saints-Maurice-et-Lazare de Sardaigne, Chevalier de l'Aigle rouge de Prusse
et décoré de l'Ordre de Sainte-Anne de Russie. En hommage, son nom est inscrit sur la Tour Eiffel et le lycée des métiers du bâtiment de Souillac le porte également.
Les cimentiers : suite à l'évolution des techniques de fabrication, il y a actuellement cinq grandes familles de ciments, et vingt sept variantes, selon les constituants utilisés
et leurs proportions. Parmi les professionnels, le groupe cimentier international Vicat, entreprise française, a su garder à la fois une tradition familiale, une vocation industrielle
et un management humain, tout en réussissant à s’implanter dans onze pays à travers le monde et à s’imposer comme un des fleurons français à l’international.
6 juin : Jeanne BARDEY 1872-1954, sculptrice française, disciple de RODIN
Jeanne BARDEY, née BRATTE, naissance à Lyon (69-Rhône) le 12 avril 1872 – décès dans la même ville, le 13 oct.1954.
En 1893, elle épousa Louis BARDEY (1851-1915), dont elle eut une fille, Henriette (1894-1960). Louis était peintre-décorateur et professeur à l'école nationale
des Beaux-arts de Lyon, il conseilla sa femme, désireuse de découvrir la peinture de portraits. Elle monte à Paris en 1907, pour suivre les cours du peintre
François-Joseph GUIGUET (1860-1937). Deux ans plus tard, elle rencontre Auguste RODIN (nov.1840-nov.1917) et devient sa dernière élève pour étudier
la sculpture. Elle va devenir praticienne pour l'artiste, et interprète à sa demande ses sculptures en gravure. Comme sculptrice, elle réalise des masques de fous
et des portraits d'aliénés en asile. A la demande de Rodin, elle s'initie à la fresque et en 1911/12, elle collabore avec Rodin à la réalisation de fresques pour
le nouveau musée du Luxembourg, et avec son mari à la décoration (fresque de la musique) de la salle Molière du nouveau Conservatoire de Lyon (Palais Bondy).
Timbre à date - P.J. : Fiche technique : 06/06/2017 - réf. 11 17 054 - Série commémorative
02 et 03.06.2017 145e anniversaire de la naissance de Jeanne BARDEY, 1872-1954 - "Femme"
à Lyon (69-Rhône)
Dessin et gravure : Pierre ALBUISSON – d'après l'œuvre de Jeanne BARDEY
et au Carré d'Encre (75-Paris) © Droits réservés et photo - Paris, Musée d'Orsay - RMN Grand palais - photo : Michel Urtado
Conçu par : Valérie BESSER Impression : Taille-Douce - Support : Papier gommé - Format : V 40,85 x 52 mm (37 x 48)
Dentelure : ___ x ___ - Couleur : Polychromie - Barres phosphorescentes : Non
Faciale : 1,70 € - Lettre Prioritaire jusqu'à 100 g France - Présentation : 30 TP / feuille - Tirage : 800 010
Visuel : tête de "Femme", socle en marbre vert - Jeanne BARDEY (1872-1954) avant 1914 - sculpture en
bronze, tirée d'un plâtre à couture non réparé, ht.85 mm, larg.72 mm, prof.88 mm, avec socle : ht.155 mm
Marquée par le style de Rodin, l'œuvre de Jeanne Bardey évolue vers un classicisme majestueux
et calme qui la fit comparer à Joseph Bernard (1866-1931, sculpteur) ou Aristide Maillol
(1861-1944, peintre, graveur et sculpteur). Excellant aussi bien dans le nu que dans le portrait en buste,
elle expose régulièrement ses bronzes, ses terres cuites qu'elle rehausse volontiers de couleur,
ses marbres qu'elle taille elle-même.
Jeanne Bardey est très rapidement reconnue comme une sculptrice et une artiste importante
par les critiques Roger Marx (1859-1913, homme de lettres, critique d'art)
et Camille Mauclair (1872-1945, poète, romancier, historien d'art),
qui la comparent à Camille Claudel (1864-1943, sculptrice et peintre).
Après la mort de Louis Bardey, en 1915, Rodin lui confie l'organisation du futur musée
Rodin (ancien hôtel Biron, 1728) dont elle établit les bases. Jeanne s'installe alors à Paris
avec sa fille Henriette, le dernier grand modèle de Rodin et elle aussi sculptrice.
En 1916, Rodin désigne Jeanne Bardey comme son héritière, puis Jeanne est écartée
de l'héritage. Elle se réfugie alors dans le travail. À Lyon, elle reçoit des artistes tels que
Guiguet, Maurice Denis (1870-1943, peintre) ou Georges Salendre (1890-1985, sculpteur).
Autoportrait de Jeanne Bardey à son chevalet © Musée des Arts Décoratifs, Sylvain Pretto
Jeanne Bardey et sa fille Henriette, en compagnie d'Auguste Rodin
Sa première exposition personnelle a lieu à Paris en 1921. Elle expose chaque année au Salon des Indépendants et au Salon Musée des Tissus et des Arts décoratifs de Lyon
des Femmes Artistes Modernes à Paris. En 1928, elle expose à Lyon l'année suivante où elle reçoit le prix Chenavard.
En 1929, ses dessins d'aliénées sont publiés. Attirée par la Grèce et l'Egypte où elle voyage souvent, parfois accompagnée
de son vieil admirateur et ami Édouard Marie Herriot (1872-1957, homme d'état de la IIIe République, Académicien) dont
elle illustre "Sous l'Olivier" (1932). Elle est engagée politiquement elle est allée jusqu'en URSS et en Chine, pour y fonder
avec Henriette une école de dessin. Elle réalise des masques dans un style qui rappelle les civilisations égyptiennes et
Grecque. Elle est faite chevalier dans l’Ordre de la Légion d'Honneur en 1934. Elle réalise les portraits de Nicolas de Grèce
(1872-1938, prince de Grèce, peintre), François Joseph Guiguet (1860-1937, peintre). Avec sa fille, elles s'installent à Mornant
(69-Rhône) et ont réalisé huit bas-reliefs pour l'hôpital de la Charité de Lyon. En 1947, elles voyagent en Egypte,
fascinées par le Nil et l'Egypte antique, accompagnant comme assistantes, l'égyptologue Alexandre Varille (1909-1951).
Jeanne Bardey s'éteint le 13 octobre 1954 à Lyon. Le legs de sa fille Henriette, regroupant des œuvres de sa mère, de son père
et pour certaines, de Rodin est transféré dans les réserves du musée des Arts décoratifs de Lyon. Pour 2017, les Amis des Arts
de la région de Mornant se proposent d'installer une exposition de ses œuvres, sculptures et dessins à la Maison de Pays.

