Page 5 - Journal Culturel de Metz - 2016-02
P. 5

Georges Charpak, après avoir participé à divers mouvements laïques durant ses études, obtient son baccalauréat en 1941. En juillet1942,
  ses parents et son frère échappent de justesse à la rafle du Vel'd'Hiv. Georges, avec des faux papiers d'identité, devient Jacques Charpentier,
 domicilié à Troyes. Le père s'installe et travaille comme bûcheron dans les Cévennes. La mère, le frère et Georges se réfugient à Montpellier,
   où il poursuit ses classes préparatoires au lycée Joffre. Suite à l'occupation de la totalité du territoire national, il entre dans un mouvement

        de Résistance. En 1943, il échoue au concours d’entrée à l'Ecole Polytechnique, mais réussit à celui de l'Ecole des Mines de Paris,
       mais pendant l’été, il est arrêté par la police à la suite d’imprudences, interrompant ainsi ses études. Il est d’abord interné au Centre
   de Détention d'Eysses (47-Villeneuve-sur-Lot), dans lequel il donne et reçoit des cours de mathématiques et de physique. En février 1944,
une tentative d’évasion collective échoue, et douze de ses camarades sont fusillés. Il est ensuite déporté en juin 1944 au camp de concentration
de Dachau (proche de Munich, Allemagne – libéré par l'armée de Patton). Il va y rester durant une année, sa pratique de plusieurs langues ayant

             selon lui, contribué à sa survie. En1945, il obtient plusieurs décorations, et est homologué au grade de lieutenant des FFI.

              Photo : AFP                  En 1946, grâce à son statut d'élève-ingénieur, il devient citoyen français,
                                           et sort diplômé de l'Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris en 1947.
                                                                                                                                                 Installation de BEBC,
                                              Il est admis en 1948 au Centre National de la Recherche Scientifique (créé                   la plus grande chambre à bulles
                                               en oct. 1939) comme chercheur dans le laboratoire de physique nucléaire
                                                                                                                                               du CERN © CERN 1971
                                                 du Collège de France (ancien Collège royal, fondé en 1530), dirigé par
                                                        Jean Frédéric Joliot, dit Frédéric Joliot-Curie (1900 - 1958,

                                                      physicien nucléaire, découverte de la radioactivité artificielle)
                                                   et il obtient son "doctorat de sciences" en 1955. Alors que Frédéric
                                             Joliot-Curie veut lui faire faire de la physique nucléaire, il choisit le domaine
                                              de sa propre thèse, qu'il soutient en 1954, sur les "détecteurs de particules".

                                    Promu maître de recherches au CNRS en 1959, il est recruté par Léon Max Lederman
                                          (1922, mathématicien et physicien américain) au CERN, Conseil Européen
                                        pour la Recherche Nucléaire près de Genève (Suisse). Il en devient chercheur

                                     permanent en 1963. C'est dans ce dernier laboratoire qu'il met au point la "Chambre
                                            Proportionnelle Multifilaire" (MWPC, détecteur de particules ionisées)

                                         qui remplace rapidement les "chambres à bulles" en permettant un traitement
                                              informatique des données. Il prend soin de déposer plusieurs brevets.
                                               Il choisit alors de résider à Gex (01-Ain) où il s'achète une maison.

Georges Charpak au CERN - © 1973     Il est professeur associé du laboratoire d'électricité générale de l’École Supérieure de Physique et de Chimie Industrielles
         derrière une chambre        de la ville de Paris, à partir de 1980 et titulaire de la chaire Joliot-Curie pour un an en 1984. Il y développe les applications

      proportionnelle multifilaire       médicales de ses détecteurs de particules (radiologie douce développant des doses irradiantes moindres) et participe
                                    à la fondation de nombreuses "startups (jeunes pousses) d'imagerie biomédicale dont "Biospace Instruments"(1989) avec son

                                           fils Yves, médecin-consultant, "Molecular Engines Laboratories" (2000), et "SuperSonic Imagine" (2005) avec
                                         Mathias Fink (1945, physique théorique et acoustique). Il est élu membre de l'Académie des Sciences (déc. 1666),
                                    le 20 mai 1985. Il prend sa retraite du CERN en 1991. En 1992, Charpak reçoit le prix "Nobel de Physique" (créé en 1901)
                                           pour son invention et le développement de "détecteur de particules" (Multi-Wire Proportional Chamber - 1968).
                                        À partir de 1996, avec le soutien de l'Académie des Sciences et de ses collègues Pierre Léna (1937, astrophysicien)

                                             et Yves Quéré (1931, physicien), il prend la tête d'un important mouvement de rénovation de l'enseignement
                                                 des sciences à l'école primaire, baptisé "La main à la pâte" (méthode de la pédagogie d'investigation)
                                                        qui touche aujourd'hui près d'une école sur trois en France et essaime dans le monde entier.

                                          Des collaborations internationales ont été signées pour étendre cette initiative à de nombreux pays dans le monde.

Militant de l'énergie nucléaire civile, il a proposé en 2001 une nouvelle unité de mesure de la radioactivité, le DARI (Dose Annuelle due aux Radiations Internes),
    correspondant à environ 0,25 millisievert (Rolf Maximilian Sievert, 1896-1966, physicien suédois). En août 2009, il s'élève contre le coût de la construction
      du réacteur nucléaire expérimental français ITER (réacteur thermonucléaire international expérimental – oct. 2007 à Cadarache, 13-Bouches-du-Rhône),
         dont le budget prévisionnel venait de passer de 5 à 15 milliards d’euros, menaçant les financements de la recherche scientifique européenne ainsi que
       de nombreuses recherches autrement plus importantes, y compris pour l’avenir énergétique de notre planète, mais considère que notre problème d'énergie
  est urgent. Selon Charpak, c'est immédiatement qu'il faut économiser l'énergie, et remplacer les combustibles fossiles, responsables du réchauffement climatique,
                                                            par de l'énergie propre. Il décède à Paris, le 29 septembre 2010.

Mathias Fink                 Une autre facette du scientifique qu'était Georges Charpak :
                  avec son ami Mathias Fink (spécialiste de la physique des ondes et inventeur
                   du "miroir à retournement temporel" - le spectre électromagnétique, appliqué

                      aux ultrasons, permettant l'étude du renversement du temps d'une action),
              il a étudié la "paléophonie" (archéologie du son, pour faire parler les vieilles pierres).
              Résultats de cette branche de la physique : le "retournement temporel" est plus qu’une

                 expérience amusante : on commence à l’utiliser pour détruire des calculs rénaux,
                contrôler des matériaux, communiquer dans les océans et dans d'autres domaines.

                  Ces "miroirs à retournement temporel" servent également à tester des concepts
                fondamentaux et à mieux comprendre une quantité considérable de phénomènes :

                                imagerie médicale, échographie ou thérapie du cerveau.

                La "paléophonie" - Georges Charpak, dans ses "Mémoires d’un déraciné, physicien et citoyen du monde" (Editions Odile Jacob - 2008),
                raconte comment il entreprit de ressusciter des sons fossiles gravées sur des poteries de l’Antiquité, avec l'aide de son ami Mathias Fink.
                 L'initiateur de la paléophonie est Marcel Baudot (1885-1957), un modeste instituteur et bricoleur de génie, installé au Mans (72-Sarthe).
           Celui-ci s’aperçoit à l’âge de 8 ans, qu’il est acousmate, c’est-à-dire qu’il entend des voix humaines et des sons d’instruments dont il n’arrive pas
     à identifier l’origine. Fasciné par ces sons inexplicables, il a une intuition qui va bouleverser sa vie : il ne peut s’agir que de résurgences acoustiques fossiles !
    Il perfectionne ses connaissances en radioélectricité en travaillant à l’émetteur de la tour Eiffel (1903) avec le capitaine Gustave Auguste Ferrié (1868-1932,
         ingénieur militaire, pionnier de la radiodiffusion), lequel est très intrigué par ses expériences de transmissions sans fil, mais surtout… sans électricité.
                 Après la Grande Guerre de 1914-18, il retrouve sa fonction d'enseignant, mais il est appelé par les services français du contre-espionnage
            pour développer des systèmes d’écoute et de décryptage, il met au point plusieurs ingénieux dispositifs secrets (toujours classés secret-défense).

                    Avec quelques anciens fidèles et collègues de son laboratoire expérimental, il crée enfin l’O.R.E.I. en 1937 (Organisation des Recherches
                   sur les Environnements Invisibles - http://www.orei.fr). Convaincu que "les paroles laissent plus de traces que les écrits", il disparaît en 1957.

Fiche technique : 13/04/1959 - retrait : 18/09/1959 – Série : Commémoratifs - 175ème anniversaire de l'Ecole Nationale Supérieure des Mines de Paris (par ordonnance royale du 19 mars 1783)

                La façade de l'école, le symbole des mineurs, avec deux marteaux croisés et une lampe - Création et gravure : Jacques COMBET - Impression : Taille-Douce rotative

                                                          Support : Papier gommé - Format : H 40 x 26 mm (36 x 22) – Couleur : Noir, bleu-vert et rouge
                                                               Dentelures : 13 x 13 - Faciales : 20 f - Présentation : 50 TP / feuille - Tirage : 2 950 000

                                      Fiche technique : 23/10/1976 - retrait : 06/05/1977 – Série : Grandes réalisations françaises
                                        Le CERN (1954) : Accélérateur Européen de Particules – à Meyrin (Suisse), l'anneau de

                                    l'accélérateur s'étend sur7 km, notamment sous Saint-Genis-Pouilly et Ferney-Voltaire (01-Ain)

                                         Création : Jacques GAUTHIER - Impression : Héliogravure - Support : Papier gommé
                                    Format : H 40 x 26 mm (36 x 22) - Couleur : Violet clair, violet foncé, bleu turquoise, bleu ciel
                                    et jaune - Dentelures : 13 x 13 - Faciales : 1,40 F – Présent. : 50 TP / feuille - Tirage : 6 000 000
   1   2   3   4   5   6   7   8   9   10