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La collégiale Saint-Vincent de Berne est le plus grand édifice religieux de la fin du Moyen Âge
en Suisse, avec une tour de 100,6 m qui est également la plus haute de Suisse, depuis la
construction et l'achèvement de son couronnement en 1889-1893. De style gothique, elle fut édifiée à
partir du 11 mars 1421, mais ne sera achevée qu'en 1893. Elle était placée sous le vocable de Vincent
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de Saragosse, martyr du IV siècle. Elle est un lieu de culte protestant depuis l'introduction de la
Réforme en 1528. La construction est lancée par l’Etat de Berne et l’ordre Teutonique. Une partie du
financement est assuré par de riches familles et les contributions des corporations profession-nelles
bernoises. Le premier maître d'ouvrage est le Souabe Matthäus Ensinger (v.1395-1463, tailleur de
pierre et maître d'œuvre). S'inspirant en partie de l'église principale d'Ulm, de la cathédrale Notre-
Dame de Fribourg (Allemagne) et de la cathédrale Saint-Nicolas de Fribourg (Suisse), Ensinger
apporte une innovation avec la base externe de la tour comportant trois voûtes aux portails
richement décorés au lieu d'une seule. Entre 1460 et 1480, Erhard Küng (1420-1507, sculpteur sur
pierre) réalise le portail et les décorations du grand vestibule (le Jugement dernier, avec 294 figurines
en grès). Le célèbre Niklaus Manuel (1484-1530, peintre, graveur, dramaturge, réformateur et homme d'Etat
suisse) est aussi étroitement associé au chantier : en 1517, il collabore à la réalisation du jubé
(clôture pierre, ou bois, séparation chœur / nef, aujourd'hui disparu) et de la voûte du chœur, et il apparaît
en 1522 comme expert pour la confection des stalles. En 1521, la Tour sera interrompue à 60 m,
en raison de la faiblesse des fondations, puis elle sera terminée en 1893, dans un style néo-gothique.
L'extraordinaire voûte d'ogives du chœur, à liernes et tiercerons, a été achevée en 1517 sous la direction du maître d’œuvre Peter Pfister. Au centre, dans une rosace, figurent
les armoiries de Berne, tandis que 86 clefs de voûte sculptées illustrent les principaux représentants du Royaume des Cieux. Les vitraux du chœur comportent certaines
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verrières absolument remarquables, datant du XV siècle. Ils représentent un trésor exceptionnel de l'Art du vitrail de la fin du Moyen Âge en Suisse, mais également
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du XIX siècle. Le grand orgue a été construit au début du XVIII siècle, puis reconstruit par la Manufacture suisse d'Orgues Kuhn en 1999. L'orgue de chœur, en nid
d'hirondelle est une réalisation de la manufacture suisse d'orgues Metzler de Dietikon. Le clocher possède la plus lourde sonnerie de cloches de Suisse (masse totale :
31 300 kg). Le grand bourdon, coulé en 1611 par Abraham Zender de Berne et Peter Füssli de Zurich, donne la note mi 2 et pèse 9 940 kg.
Berne : Collégiale Saint-Vincent Le portail du Jugement dernier, par Erhart Küng, 1460-1480. Le grand orgue Kuhn de 1999
La Tour de l'Horloge (la Zytglogge) : elle maquait la limite Ouest de la première extension de la ville
que, le dernier duc, Berchold V de Zähringen (v.1160-1218) a fondée en 1191.
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c'est une horloge astronomique (heures et informations astronomiques) du XVI siècle, comportant
un jacquemart (automate d'art, avec un personnage sculpté frappant une cloche) et un carillon.
Le jeu des figurines fut construit de 1527 à 1530 par Kaspar Brunner (mécanicien, gardien du temps).
Le cadran astronomique : la main indique la position de la lune (à gauche pour l'Est, en haut au Sud,
à droite pour l'Ouest), Une boule noire et or montre les phases de la lune. Un cadran rotatif indique
les signes du zodiaque. Le carillon : Sur la droite du cadran se trouve le carillon qui démarre chaque
heure, 3 minutes avant l'heure pleine. Un fou (personnage comique) fait résonner de petites cloches,
le nombre de coups indique la prochaine heure, pendant qu'une ronde de 7 ours se met à tourner,
figurant les jours de la semaine : le premier ours montant un cheval symbolise le dimanche, il est
suivi par 6 ours (lundi à samedi) chacun représentant un métier différent. On remarquera que
le quatrième ours, lorsqu'il sort, tourne la tête. Il symbolise le mercredi, le tournant de la semaine.
Lorsque l'heure pleine arrive, Chronos (le petit homme botté assis sur la chaise dorée) tourne le sablier
qu'il tient dans sa main, commence à compter les coups en faisant remuer son menton barbu et agite
de gauche à droite son sceptre doré. Un lion doré, sur sa gauche, secoue vigoureusement la tête pour
chaque coup indiquant l'heure. Au sommet de la tour, un imposant homme doré (le jacquemart)
frappe la grande cloche, un coup pour chaque heure. Tout ceci est initié par le chant du coq
mécanique remuant ses ailes, il chantera également au milieu et à la fin de cette représentation.
L'horloge astronomique de la Zytglogge, Les rouages d'un mécanisme complexe L'astrolabe, les automates et les cinq figures de la cosmologie, selon Ptolémée.

