Page 2 - Journal Culturel de Metz - 2022-09
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02 - Léonard de VINCI (Leonardo di ser Piero da Vinci - 1452-1519) : "La Joconde" ou "Portrait de Mona Lisa" entre 1503 et 1519

                                                         / huile sur panneau de bois de peuplier / V 53 x 77 cm / © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michel Urtado

    Ce tableau l'une des représentations d'un visage féminin les plus célèbres au monde. Le sourire de "La Joconde" constitue un des éléments énigmatiques du tableau, qui
 a contribué au développement du mythe. Les yeux étroits sont nettement cernés et le regard semble suivre le spectateur même lorsqu'il se déplace car il est perpendiculaire
  au plan de l’image. L'œuvre jouissait déjà d'une grande considération à la Renaissance, et voici ce qu'en dit Giorgio Vasari (1511-1574, peintre, architecte et écrivain toscan) dans
 son ouvrage de 1550 : " Celui qui désiroit se convaincre jusqu'à quel point l'art peut imiter la nature, le pouvoit d'autant plus, que les moindres choses sont rendues dans cette tête

      avec la plus grande finesse. Les yeux avoient ce brillant, cette humidité qui existent sans cesse dans la nature, et étoient entourés de ces rouges pâles, et des paupières qui
    ne peuvent s'exécuter qu'avec une très-grande subtilité. On voyoit la manière dont naissent les sourcils dans la chair, qui tantôt plus épais, tantôt plus clairs, tournoient selon

         les pores qu'indique la nature. Le nez étroit n'étoit pas moins bien rendu, et toutes ces belles ouvertures rougeâtres et délicates. La bouche vermeille et ses extrémités
                                             se fondoient tellement avec la carnation du visage, que l'on croyoit plutôt y voir la chair que la couleur ".

         03 - Jean-Antoine WATTEAU (1684-1721) : "Pierrot" - 1718-19 / huile sur toile du mouvement "Rococo" / V 1,50 x 1,85 m / © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Franck Raux
     Œuvre majeure du peintre, longtemps appelé "Gilles". Le "Pierrot" est l'un des plus célèbres personnages de la comédie italienne. Le thème de ce tableau pourrait venir
 de l’expérience de Watteau en tant qu'élève de Claude Gillot (1673-1722, peintre, graveur, illustrateur et décorateur de théâtre), qui peignait entre autres de nombreux décors de théâtre.
    L'explication actuelle est que le grand format du tableau et son sujet auraient pour origine une commande destinée à être l'enseigne du café d'un ancien acteur. Le blanc

          de céruse (blanc de saturne, blanc de plomb ou blanc d'argent) utilisé en abondance dans la toile a conduit au décès de Watteau, empoisonné par ce produit toxique.

04 - Jean CLOUET, dit le jeune (1480-1541) : "François 1er, roi de France" - v.1530 / huile sur bois de chêne / V 0,74 x 0,96 m / © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Hervé Lewandowski
  François Ier est l'un des représentants les plus brillants de la dynastie des Valois (règne de 1328 à 1589) qui règne en France depuis le XIVe siècle. Il monte sur le trône en 1515
      et règne jusqu’en 1547. Il est considéré comme le premier roi de la Renaissance française. Son action politique jette les bases d'un royaume centralisé au sein duquel

les artistes ont un rôle à jouer dans la glorification du pouvoir. Suite à une défaite militaire en 1525, il est emprisonné en Espagne. A son retour, il veut restaurer son image.
  Son portrait par Clouet, y participe en lui donnant une aura et une monumentalité, symbole de renouveau politique. L'artiste peint François Ier à mi-corps, de face, la tête

    légèrement tournée vers sa gauche, le regard fixant le spectateur, les lèvres esquissant un sourire, une main posée sur l’épée, l’autre serrant un gant. Il porte le collier
    de l’ordre de Saint-Michel, dont il est le grand maître. Le roi est coiffé d’un simple béret orné d’une plume d’autruche et de bijoux. La couronne, insigne par excellence
    de la royauté dans le monde occidental, apparaît néanmoins derrière lui, dissimulée dans les volutes de la tenture rouge. La stature impressionnante du roi est mise en
    évidence par son costume, qui occupe toute la largeur du tableau et dont le peintre a minutieusement décrit les étoffes soyeuses brodées d’or. Jean Clouet se spécialise

      dans l’art du portrait et privilégie un type de composition : en buste, le visage de trois quarts sur un fond généralement coloré, qui devient très vite sa marque de fabrique.
     Chaque portrait peint est précédé d’un dessin préparatoire dans lequel l’artiste mêle de manière originale deux couleurs, la pierre noire et la sanguine. Grâce à cette
 technique, les visages au teint légèrement rosé paraissent plus vivants et plus réalistes. L'on a souvent confondu l'œuvre de Jean, avec celle de son fils François (v.1520-1572,

        peintre et portraitiste) ; ils ont peut-être exécuté l''œuvre en collaboration. Actuellement, le rang de premier grand maître français de la Renaissance est rendu à Jean.
                05 - Paul CÉZANNE (1839-1906) : "Les Joueurs de cartes" - 1890-95 / huile sur toile / H 56,5 x 47 cm / © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Hervé Lewandowski

   Cézanne avait certainement vu au musée d'Aix-en-Provence, sa ville natale, "Les joueurs de cartes" (v.1635-38) attribué aux frères Le Nain (Antoine, Louis et Mathieu, peintres
     du XVIIe siècle). L'artiste traite à plusieurs reprises ce thème d'inspiration caravagesque et donne à l'affrontement une gravité exceptionnelle. Aux subtils jeux de gestes
    et de regards, Cézanne substitue les silhouettes massives et la concentration silencieuse des personnages. La bouteille, sur laquelle joue la lumière, constitue l'axe central
     de la composition. Elle sépare l'espace en deux zones symétriques, ce qui accentue l'opposition des joueurs. Ces derniers seraient des paysans que le peintre observait
   dans la Bastide paternelle du Jas de Bouffan, à l'Ouest d'Aix-en-Provence. L'homme fumant la pipe a pu être identifié comme étant le "père Alexandre", jardinier du lieu.
    Sur les cinq toiles que le peintre consacre à ce sujet, celle-ci est l'une des plus dépouillées. Ici, tout concoure finalement à donner un aspect monumental à la composition,

                                                                        que vient servir un chromatisme aux accords somptueux..

     06 - Jean-Auguste-Dominique INGRES (1780-1867). : "La Grande Odalisque" - 1814 / huile sur toile / H 1,62 x 0,91 m / © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Le Mage.
      Une odalisque est une esclave vierge, attachée au service des femmes du harem d'un Sultan, dans l'Empire ottoman. Il s'agit d'une femme nue, visage de 3/4 entouré
    d'un turban noué sur la nuque, à demi allongée sur un lit bleu, le coude gauche sur des coussins bleus, le corps sur des draps en désordre blanc et brun, la main droite
tenant un éventail en plumes de paon, posée sur la jambe gauche repliée, à droite un rideau bleu touchant la jambe et le lit. La "Grande Odalisque" fut commandée à Ingres

               en 1813 par la sœur de Napoléon, Caroline Murat, reine de Naples pour faire pendant à un autre nu d’Ingres, appelé "La Dormeuse", détruit en 1815.
 Le thème du nu féminin est un thème majeur de l’art occidental depuis la Renaissance. Pour faire accepter son nu, Ingres choisit de le transposer dans cet Orient fantasmé
  où les odalisques se prélassent nues dans leurs intérieurs ou aux bains et qui fait rêver l’ensemble du monde occidental en ce début du XIXe siècle. De nombreuses autres

                     œuvres d’Ingres se rattachent tout au long de sa carrière à l’orientalisme, notamment "Le Bain turc" (1862, Louvre) peint à la fin de sa vie.
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