Page 18 - Journal Culturel de Metz - 2022-09
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La traction du flobart : c'est un bateau traditionnel des côtes du Boulonnais, il est reconnaissable à ses formes adaptées à l'échouage quotidien sur les plages :
        fond plat, tableau arrière large, forme ventrue, construction "à clin", dérive centrale relevable. A l'époque, les flobarts de retour de pêche venaient s'échouer sur le sable
       puis étaient remontés sur la plage grâce à deux chevaux Boulonnais attelés. Cette pratique ancestrale a inspiré la plus mythique des épreuves de la "Route du poisson"…

              Le ballon de marée : une fois débarqué sur la plage, le poisson était chargé dans une voiture hippomobile à deux roues, équipée de ridelles en osier légèrement incurvées.
                  On y disposait des paniers de poissons recouverts d'algues ou de fougères pour maintenir la fraicheur, puis on protégeait l'ensemble du chargement avec une bâche.
                   La cargaison prenait alors des allures de ballon, d'où le nom de "ballons de marée" donné à ces attelages généralement tirés par quatre à cinq chevaux Boulonnais.

  Les chasse-marée : les attelages étaient souvent menés par des valets de ferme, qui, juchés sur le cheval le plus proche de l'attelage, à gauche du timon, "chassaient" les chevaux devant eux ;
                                                                   d'où le nom de "chasse-marée" traditionnellement utilisé pour parler des mareyeurs.

            Le trajet : les itinéraires empruntés par les mareyeurs partaient des ports du Nord, Pas-de-Calais et de la côte de la Manche, dont Boulogne-sur-Mer, longeaient la côte jusqu'à Abbeville,
                                                                traversaient la Picardie en passant par Amiens, Breteuil, Clermont, puis Chantilly pour arriver à Paris.

Les Relais : la route du poisson était jalonnée de relais, distants de cinq à sept lieues (soit 20 à 28 km), dans lesquels les attelages faisaient étape quelques minutes, le temps pour les valets de ferme de changer
   les chevaux. A l'origine, ces relais différaient de ceux de Poste, par ailleurs mis en place par Louis XI à partir de 1464 seulement. La route était longue, et les chasse-marée livrant Paris étaient prioritaires

 sur les autres attelages. Pour gagner du temps et avertir les villageois ou la tour de guet du passage imminent du chasse-marée, on équipait les chevaux de grelots. Le personnel des relais pouvait ainsi se tenir
          prêt pour aider au changement de chevaux. L'état des chemins, la vitesse, les accidents et le brigandage rendaient par ailleurs le trajet périlleux. Précurseurs, les mareyeurs avaient alors institué
            un fonds commun d'assurances : aux Halles de Paris, deux deniers étaient prélevés par livre de poisson vendue et reversés à une caisse spéciale chargée d'indemniser les risques de la route !
          Imaginée et développée par les mareyeurs, la Route du poisson a toujours fonctionné comme une corporation, avec son réseau de pêche, de mareyeurs dédiés et de relais, mais aussi d'éleveurs,
                               bourreliers, charrons, vanniers ou encore maréchaux-ferrants…. Des savoir-faire oubliés ou longtemps dévalorisés et qui peinent aujourd'hui à se transmettre.

  Le maréchal-ferrant : l'histoire de la maréchalerie est aussi ancienne que celle de la conquête du cheval ; puisque à l'origine, le mot maréchal (du vieux-francique "marah-scal", serviteur du cheval) désigne
       la personne chargée de soigner les chevaux .Le terme s'est ensuite précisé pour désigner l'artisan préposé au ferrage (le maréchal-ferrant) ou le responsable d'écurie militaire (le maréchal des logis).
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