Page 9 - Journal Culturel de Metz - 2013-06
P. 9
Ces deux arches ogivales du XIIIe siècle, abritaient en fait un ancien moulin seigneurial : des "roues pendantes" descendaient sous les deux arches.
Le "Cul-du-Moulin"
La maçonnerie de granite, disposée perpendiculairement au fil de l'eau, comprend trois piles à avant-becs, dont l'une au Sud formant culée, et deux larges voies
d'eau dans lesquelles tournaient les roues, réglables sur le niveau de l'eau. A l'étage, subsistent les vestiges du bâtiment des meules et les mécanismes de levage
des roues. A la fin du 17e siècle, ils étaient en ruines et, en 1788, servirent de carrière de pierre. En période d'étiage, les eaux étaient guidées vers les moulins
par une turcie (un duit) ouvrage en bois et pierre aujourd'hui détruit, qui devait s'avancer en Loire, sur quelques centaines de mètres. Un pertuis pratiqué
dans cet ouvrage laissait le passage aux bateaux pour la perception des droits de péage. Facilement manœuvrables pour suivre les niveaux de la Loire, ces roues
entraînaient les meules situées sur le dessus de l'ouvrage. Une pièce protégeait les mécanismes du moulin, une autre servait d'entrepôt pour le blé et la farine,
une autre enfin servait de lieu d'habitation. Lors de la dernière restauration, des restes vraisemblables d'un four à pain ont été retrouvés. Les recherches montrent
que la structure de l'ouvrage de Champtoceaux est similaire à celle de moulins construits entre 1210 et 1235 à la Treille à Angers, et aux 22 moulins
des Ponts-de-Cé édifiés autour de 1293 et démolis ensuite. Il reste indéniable qu'il y avait bien un péage à Champtoceaux, depuis le VIIe siècle, seigneurial
ou royal selon les époques. Comment se faisait alors la perception des taxes ? Une digue de pieux coupait la Loire de la pile nord-est du bâtiment jusqu'à
proximité de l'Ile Neuve. Un passage au milieu, appelé " porte marinière ", permettait de canaliser les bateaux, contrôler les marchandises et faire acquitter
les droits de péage. Il semble peu vraisemblable que les bateaux soient passés sous les arches au plus fort du courant. Ce péage fluvial a donc coexisté
avec un moulin pendu, sans lien avec la perception des taxes diverses. C'est ce dernier qui aurait donné son nom au lieu-dit le "Cul-du-Moulin".
La Loire, et ses nombreuses îles formées par les alluvions, atteint enfin la dernière grande métropole de son parcours, avant l'estuaire :
Nantes (44 - Loire-Atlantique) : Préfecture de la Région "Pays de Loire", chef-lieu du département, la ville est parcourue par les multiples bras du fleuve,
et par son dernier affluent, l'Erdre. Elle est une grande ville universitaire depuis 1962. Les infrastructures portuaires de Nantes sont toujours un élément
important du Port Autonome de Nantes-Saint-Nazaire, un des grands ports français. Nantes reçoit en 2013 le Prix de la Capitale verte de l’Europe.
Deux vues panoramiques de Nantes, prises du haut de la Tour Bretagne (18/11/1976 - architecte : Claude Devorsine - H : 120m - 32 étages - avec antennes : 144 m)
Les premiers aménagements urbains encore visibles de nos jours remontent à l'époque médiévale, les constructions datant du Haut Empire romain
ayant été recouvertes par des aménagements postérieurs. La ville médiévale fortifiée d'autrefois correspond au quartier du Bouffay. Il subsiste également
e
la porte Saint-Pierre, le château des ducs de Bretagne, ainsi que quelques maisons à colombage et hôtels particuliers datant pour l'essentiel du XV siècle.
e
Cette partie a souffert des bouleversements du XVIII siècle à nos jours mais aussi des bombardements de 1943 qui ont particulièrement affecté la ville.
Les rues de la Juiverie, Sainte-Croix, de la Baclerie sont parmi les exemples les mieux conservés et on retrouve également quelques modèles d'architecture
à colombages apparents rue de Verdun, rue Bossuet ou encore place du Change. Le château des ducs de Bretagne ainsi que son périmètre immédiat
forment l'ensemble le plus caractéristique de cette époque.
e
La première grande expansion de la ville a eu lieu au XVIII siècle. C'est à cette époque qu'est lotie l'île Feydeau, puis que les architectes Jean-Baptiste Ceineray
puis Mathurin Crucy tracent les quais (Brancas, Flesselles, Tremperie, Port-Maillard), les cours St-Pierre et St-André, les places Royale, Graslin et le cours
Cambronne, que sont édifiés le théâtre et la Bourse. Le centre actuel s'articule autour d'une colonne vertébrale qui est l'axe Est-Ouest : partant de la cathédrale
e
traversant rues de Verdun, de la Marne, d'Orléans, Crébillon et finissant place Graslin. Le XVIII siècle marque le triomphe du style néoclassique dans la ville.
L'île de Nantes résulte de l'unification progressive de plusieurs îles antérieurement séparées par des bras de la Loire : île Beaulieu, îles de la Prairie au Duc,
de Grande Biesse, de Petite Biesse et Vertais (qui portait, autrefois, la Prairie d'amont et la Prairie d'aval). Plusieurs des anciennes îles ont été rattachées à la rive Nord
lors des comblements : près du centre, l'île Feydeau, l'île de la Madeleine et l'île Gloriette ; un peu à l'Est, la prairie de Mauves (quartiers gare d'Orléans et Malakoff).
L’île Feydeau est une ancienne île de Loire située dans le centre de Nantes, qui fut aménagée à partir des années 1720 sous le patronage de Paul Esprit Feydeau
de Brou (1682/1767), conseiller d’État, ministre et garde des sceaux (Louis XV - 1762/63), intendant de Bretagne (1716/28), à qui elle doit donc son nom actuel.

