Page 14 - Journal Culturel de Metz - 2013-06
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En 1679, Le Nôtre séjourne neuf mois en Italie. Cet éloignement a pu être l’un des facteurs d’une perte d’influence
                                         progressive. D’anciennes biographies de Le Nôtre et d’Hardouin-Mansart font l’écho de leur rivalité.
                                        Si Hardouin-Mansart a fait ses armes sous Le Nôtre, ce dernier ne devait-il pas les siennes à Mansart ?
                                     Tandis qu’Hardouin-Mansart est nommé "Premier architecte du Roi" (1681), Le Nôtre n’obtient jamais le titre
                                       de "Premier jardinier", ou de "Premier dessinateur" des jardins du roi ; cependant anobli la même année,
                                        juste avant qu'Hardouin-Mansart le soit. Louvois, qui succède à Colbert en 1683, s’en serait davantage remis
                                      au premier architecte. À Trianon, où les deux hommes sont consultés, le roi ne retient pas toutes les propositions
                                      de Le Nôtre. Agacé par les velléités du Roi-Soleil à vouloir concevoir ses propres jardins, Le Nôtre obtient de
                                      Louis XIV la permission de quitter son service en 1693, après avoir légué à sa Majesté, les principales œuvres
                                          de sa collection (tableaux de peinture, sculptures, porcelaines, médailles modernes et estampes) acquises
                                     entre 1650 et 1693 - il était un grand collectionneur d'Arts. Il se retire dans sa maison près du pavillon de Marsan
                                      dans le Palais des Tuileries, auprès de son épouse et des membres de sa famille. Il entretenait lui-même le jardin
                                          qui entouré sa maison. Il a continué à travailler pour des particuliers et des souverains étrangers.
                                          Il y meurt le 15 septembre 1700 à l'âge de 87 ans, avec une grande fortune. Ses obsèques sont célébrées
                                        en l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, et il est inhumé en l'église Saint-Roch. Sa sépulture est profanée
                                           à la Révolution, il ne subsiste que le buste du sculpteur Antoine Coysevox (Lyon 1640/Paris 1720).
                                            Il n'a laissé aucun écrit pédagogique, ni journal, ni mémoires, seulement quelques courriers.
                                        L'un des premiers à écrire sur le personnage, c'est Antoine-Joseph Dezallier d'Argenville (Paris 1680/1765)
                                             naturaliste et historien d'art, qui, dans la "Théorie et la pratique du jardinage", y reprend
                                             ses principales œuvres. Il laisse derrière lui de nombreux jardins aménagés à la Française
         Buste de Le Nôtre par Antoine Coysevox   reconnaissables par leurs perspectives et leurs géométries parfaites, connus et renommés partout dans le monde.
                      Paris, église Saint-Roch


















             André Le Nôtre et les Jardins de Chantilly aux XVIIe et XVIIIe siècles   -   Salle du Jeu de Paume   (12 avril au 7 juillet 2013)

           Dans le cadre du quatrième centenaire de la naissance d’André Le Nôtre (1613-1700), le Domaine de Chantilly propose une exposition sur les Jardins
            à la Française, créés pour le Grand Condé par le célèbre jardinier. S’appuyant sur des plans inédits restaurés avec le soutien des Amis du musée Condé
          et la Fondation des Parcs et Jardins, l’exposition offre un nouveau regard sur le processus de création qui fit de Chantilly l’œuvre préférée de son concepteur.
                  Grâce à une récente donation d’aquarelles et de dessins, le Domaine de Chantilly s’intéresse également à l’héritage de Le Nôtre.
            Pour la première fois, les jardins de Chantilly dévoileront tous leurs secrets : du génie du jardinier du roi, à ses transformations les plus récentes.
           La genèse d’un chef-d’œuvre inclus dans un domaine de 7 800 hectares, le parc a été créé à l’initiative du Prince de Condé. Exilé à Chantilly, Louis II

           de Bourbon, dit le "Grand Condé", souhaitait concevoir un jardin capable de rivaliser avec Versailles et fit tout naturellement appel au jardinier du roi
              pour accomplir cette tâche. Le Nôtre vint à Chantilly vers 1662, accompagné d’une véritable équipe, destinée à métamorphoser un site difficile.
                    Pour ce faire, Le Nôtre prit un parti radicalement différent de ses précédentes créations, commandé par l’histoire du site :
                                   Chantilly sera le seul de ses jardins dont l’axe ne passera pas par le château.






















                                                                                        e
                 Affiche de l'exposition "André Le Nôtre"                                                                Plan du parc sous l'Ancien Régime - 18  siècle

                                                             Utilisant les nombreuses sources et les déclivités naturelles du terrain,
                                                            Le Nôtre décide de faire partir la grande perspective axiale de la terrasse,
                                                                         et réalise d’innombrables jeux d’eau.
                                                           De tous ses jardins, Chantilly était celui que préférait son illustre créateur.

                                                                  S'il n’a pas publié d’ouvrage théorique sur son travail,
                                                                 des plans inédits réalisés avant, pendant et après les travaux
                                                            permettent aujourd’hui au Domaine de révéler au public toute l’ingéniosité
                                                                et l’intelligence avec laquelle le maître d’œuvre a su aménager
                                                                    le paysage d’un des plus beaux parcs de France.

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