Page 10 - Le Baudet mai 2024
P. 10
"Le Baudet" Bulletin mensuel du Club Philatélique Ardennais mai 2024 N° 495
Page 10 sur 14
Départ d’un ballon monté : carte maximum commémorative de 1955
La nuit était noire et les aéronautes n’avaient aucune idée des endroits qu’ils survolaient. Au
petit jour, il leur sembla planer au-dessus d’une plaine de neige. On tira la soupape ; le ballon
se rapprocha de terre… et, à 6 heures du matin, les voyageurs s’aperçurent qu’ils étaient au-
dessus de la mer ! Le ballon très lourd, comme on le sait, continuait de descendre, et bientôt
la nacelle affleurait le sommet des vagues menaçant d’engloutir les passagers. Que faire ?
Rolier prit une décision énergique ; il résolut de se débarrasser d’une partie de ses sacs de
correspondance. Il coupa la corde d’un sac de 125 kilos ; de là, le ballon remonta rapide-
ment, et, bientôt, il atteignait une altitude de 5 000 mètres se dirigeant vers l’Est. Mais,
d’épais brouillards entourèrent l’aérostat. Impossible de savoir où l’on allait ; le froid était
rigoureux et les aéronautes perdus dans l’espace.
Et bientôt, une inquiétude nouvelle les saisit ; le ballon commençait à redescendre et l’on ne
voyait pas à cinq mètres devant soi. Peu après le guiderope¹ ondula et tressaillit ; la tête d’un
sapin se fit voir dans le brouillard, et Rolier, tirant la soupape, prépara son voyageur à sauter
au moment donné.
La Ville-d’Orléans touche le sol ; Rolier saute, tandis que Bezien, blessé à la main, s’embar-
rasse dans les cordages de l’ancre et se trouve tenu, par la jambe ; l’aérostat remonte, et Ro-
lier, voyant le danger, bien qu’à moitié mort de fatigue, se cramponne au guiderope (1), ra-
lentit l’ascension et permet ainsi à son compagnon de se dégager ; tous deux roulent dans la
neige, qui amortit leur chute. Le ballon délesté repart, emportant tout : instruments, dé-
pêches, pigeons, vivres ; il était 2 h20 minutes du soir !