Page 11 - Journal Culturel de Metz - 2022-05
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23 mai 2022 : Émile ERCKMANN 1822-1899 et Alexandre CHATRIAN 1826-1880, un duo d'écrivains…
ERCKMANN-CHATRIAN, le pseudonyme collectif utilisé de 1847 à 1887 par deux écrivains français.
Émile ERCKMANN, né le 20 mai 1822 à Phalsbourg (Meurthe, puis Moselle en 1918), il décède le 14 mars 1899 à Lunéville (54-M.-et-M.)
et Alexandre CHATRIAN, né le 18 déc.1826 au Grand Soldat (alias Soldatenthal), Meurthe, puis Moselle en 1918), il décède le 3 sept.1890
à Villemomble (93-Seine-St-Denis). Ils ont également écrit sous leurs patronymes respectifs. Dans leur œuvre, le réalisme rustique, influencé
par les conteurs de la Forêt-Noire, se transfigure en une sorte d'épopée populaire.
Emile Erckmann a passé son baccalauréat à Nancy en 1841, puis il a entrepris des études de Droit à Paris. Mais il a raté sa troisième année
universitaire et il regagna Phalsbourg, malade de la typhoïde. Au printemps 1847, il fit la connaissance d'Alexandre Chatrian, alors maître
d’étude au collège de Phalsbourg. Alexandre était rentré vers 1842, en classe industrielle, au collège de Phalsbourg ;
mais il avait arrêté ses études en 1844, et était parti gagner sa vie en Belgique, comme comptable jusqu'en 1847.
A la suite de leur rencontre, ils devinrent amis et passèrent leurs vacances d'été ensemble. Après la Révolution de 1848 (du 22 au 25 février) ;
très inspiré, ils fondèrent un club à Phalsbourg et Emile dirigea, quelque temps, un journal à Strasbourg. Au début des années 1850, ils
publièrent des feuilletons dans "Le Démocrate du Rhin", en s'attendant à une gloire littéraire rapide, mais ce fut la désillusion.
Timbre à date - P.J. : 20 et 21/05/2022 à Phalsbourg (57-Moselle) et au Carré d'Encre (75-Paris) - les écrivains Émile ERCKMANN et Alexandre CHATRIAN. - conçu par Bruno GHIRINGHELLI
Contour du feuillet : haut : "Tout à nous de cœur"
par Émile Erckmann + un écritoire.
- gauche : illustration avec un roi et sa couronne +
Erckmann et Chatrian (Musée de Phalsbourg - buste
d'Erckmann et Chatrian, réalisé par Auguste Bartholdi).
- droit : madame Thérèse (ou les Volontaires de 92),
est l'histoire d'une vivandière de l'armée de la Moselle
+ la "Porte de France" (1570) à Phalsbourg (57).
- bas : un extrait du chapitre IX du roman "Histoire d'un
sous-maître" : "exacte de mesurer et calculer toutes
les surfaces planes ; rien ne les embarrassait plus dans
l'arpentage. Il s'agissait de passer au cubage des corps
solides, et ceci fut plus difficile ; les figures du tableau ne
suffisaient plus ; les enfants ne se rendaient pas compte
de toutes les formes que représentait un simple tracé."
Fiche technique : 23/05/2022 - réf. 11 22 012 - Série commémorative : les écrivains Émile ERCKMANN 1822-1899 et Alexandre CHATRIAN 1826-1890.
Illustration : Charles GILBERT-MARTIN (1839-1905) d'après photo © Roger-Viollet.- Gravure : Claude JUMELET - Mise en page : Bruno GHIRINGHELLI - Impression : Taille-Douce
Support : Papier gommé - Format feuillet : H 185 x 143 mm - Format TP : H 40,85 x 40,85 mm (37 x 37) Dentelure : 13¼ x 13¼ - Couleur : Polychromie - Faciale : 2,86 € Lettre Prioritaire,
jusqu'à 100 g - France - Barres phosphorescentes : 2 - Présentation : 12 TP / feuillet, avec marges illustrées - Tirage : 705 000 (58 750 feuillets). - Visuel : la une du journal (à Bordeaux et Paris)
"Le Don Quichotte" parue le 23 septembre 1876 : cette caricature représentant Erckmann et Chatrian sur une pile de livres reprenant leurs différents écrits ; à leurs pieds une couronne de laurier.
Réalisation : c'est une gravure coloriée, de la première feuille (V 318 x 464 mm) du journal "Le Don Quichotte" (fondé à Bordeaux en 1874, puis installé à Paris en 1887) le dessin est
de Charles Gilbert-Martin (caricaturiste et journaliste, est né le 26 août 1839 à Pleine-Selve - 33-Gironde - il décède le 21 juil.1905 à Saint-Thomas-de-Conac -17-Charente-Maritime)
et la gravure de "Gagnebin" / les livres : L'Ami Fritz, Histoire du Plébiscite, Histoire d'un paysan, L'invasion, le Conscrit de 1813, Madame Thérèse et Waterloo.
Evocation de la caricature : Les deux écrivains sont représentés avec un petit corps et une tête plus imposante : Chatrian a les yeux fermés et les mains dans les poches, tandis
qu'Erckmann regarde dans une longue vue la scène qui se joue sur le bas de la pile de livre. Un singe, coiffé d'un haut de forme et vêtu d'une veste, dans laquelle se trouve la une du
journal 'Le Gaulois'', semble les interpeller en tenant un bâton dans la main droite ; à ses côtés un chien, avec un sabre et un sabretache à la taille, est dressé sur ses pattes arrières.
Cette caricature est un hommage à Erckmann et Chatrian ainsi qu'à leurs écrits. Elle évoque aussi les luttes et clivages politiques de l'époque relégués dans la presse et dans la littérature :
le singe, évoque le journal "Le Gaulois" (fondé en 1868 par Henry de Pène et Edmond Tarbé des Sablons, bonapartiste et conservateur) et le chien "Le Figaro" (fondé en 1826, conservateur).
Le "Don Quichotte" (radical) était, dans ces idées, opposé aux deux autres journaux et un poème satirique écrit à l'intérieur du feuillet illustre cette caricature.
Erckmann-Chatrian, pseudonyme collectif utilisé de 1847 à 1887 par les deux écrivains.
Alexandre Chatrian s'installe à Paris en 1850, se chargeant de faire publier ou jouer les œuvres de
son ami Emile. Il entre au service des Titres de la Compagnie des Chemins de fer de l’Est, ce qui lui
assure un revenu stable, et à ses moments libres, il effectue son travail de styliste et de conseiller littéraire.
Emile Erckmann est partit vivre à Rosny-sous-Bois et a reprit ses études de droit en 1854. Vers 1859,
ils commencèrent à être connus : la publication régulière de contes et de nouvelles fantastiques
leur attire de nombreux lecteurs. Ils s'installèrent donc tous deux à Paris, près de la Gare Paris-Est pour
pouvoir revenir régulièrement en Lorraine. Sans les nombreuses corrections et annotations d'Alexandre, la
langue d'Erckmann-Chatrian n'aurait pas eu cette clarté, cette précision dont la renommée va bien au-
delà de nos frontières. Alexandre acheta une propriété (la villa Plaisance) au Raincy (Seine-St-Denis), dont
il sera maire pendant 6 mois en 1878, et où il emménagea en mai 1869 avec Adélaïde Riberon,
sa compagne avec qui il a eu deux enfants. Après 1872, Alexandre écrivit plutôt du théâtre tandis
qu'Emile s'occupait des romans. Le 14 oct.1875, il est initié au grade d'apprenti de la loge Alsace-Loraine
Erckmann et Chatrian par Pierre Petit. du Grand Orient de France, en compagnie d'Auguste Bartholdi (1834-1904, sculpteur et peintre). L'ami Fritz (1864), comédie (1876).
En 1884, ayant pris sa retraite d’employé des Chemins de fer de l'Est, Alexandre se retira à Villemomble.
En 1885, après le succès mitigé de "Myrtille", Alexandre Chatrian abandonna le théâtre. Par la suite, il tomba malade et sa santé mentale s'en ressentit. En 1886, il négocia
une nouvelle convention avec leur éditeur, qu’Emile refusa de signer. L’année suivante, Alexandre révèle à Emile qu’il rémunérait des "nègres" avec leurs fonds communs,
et cela signera la fin de leur association et surtout de leur amitié. le 3 sept.1890, Alexandre décède à Villemomble où il est inhumé. Emile, installé à Saint-Dié (88--Vosges)
depuis sept.1872, se voit refuser le droit de résider dans sa ville natale de Phalsbourg en 1889. Il s’installe alors à Lunéville (54-Meurthe-et-Moselle), ou il décédera le 14 mars
1899, avant d'y être inhumé. - Phalsbourg : une partie du musée historique de la ville est consacré aux deux écrivains Emile Erckmann et Alexandre Chatrian
Émile Erckmann et Alexandre Chatrian, dont les œuvres sont bien oubliées de nos jours, ont compté dans la littérature française et l’histoire de la Lorraine.
Quelques écrits d'Erckmann et Chatrian : 1849 : Histoires et contes fantastiques / 1850 : L’Alsace en 1814. (Drame). / 1852 : Schinderhannes (Johannes Bückler, 1778-1803)
ou Les Brigands des Vosges. / 1858 : La Pie / 1859 : L’Illustre Docteur Mathéus (en 6 nouvelles). / 1860 : Contes de la montagne (8 contes) + Contes fantastiques (14 contes)
1862 : L’Invasion ou le Fou Yégof (roman) + Contes du bord du Rhin. / 1863 : Madame Thérèse (feuilleton) + Les Amoureux de Catherine. + 1864 : Histoire d'un conscrit de 1813
+ l'Ami Fritz (roman). / 1865 : Waterloo (suite du Conscrit) + Histoire d’un homme du peuple. / 1866 : La Maison forestière + La Guerre + Le Blocus. / 1867 : Contes et romans
populaires + Le Juif polonais (drame) + Histoire d'un paysan (roman-feuilleton). / 1871 : Histoire d'un sous-maître (éducation et anticléricalisme). / 1872 : Histoire du plébiscite (pamphlet).