Page 12 - Journal Culturel de Metz - 2022-03
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Vue générale du château de Villers-Cotterêts, avec la cour des offices et le logis principal.                   Façade Sud, sur cour des offices (avec grand escalier, chapelle et jeu de paume)

Architecture : En effectuant le tour du château par l'extérieur, on remarque le pignon Ouest du pavillon de l'Auditoire, orné des initiales "H" et "K" d'Henri II et Catherine de

Médicis et de croissants entrelacés, les cheminées du logis (avec "F", salamandre et fleur de lys) ainsi que les tourelles cylindriques des façades Nord et Est du logis royal.
   Le château, plusieurs fois remanié au cour des siècles, a tout de même conservé son plan d’origine. La cour est encadrée de deux longues ailes, les anciens communs.
                 Au fond, le logis royal dont la façade présente une innovation majeure à l’époque de son édification, avec l’emploi de deux ordres superposés :

   piliers ioniques surmontés de colonnes corinthiennes soutenant une suite de consoles feuillagées et une loggia dallée dont les deux niches devaient abriter des statues.

          Au-dessus de cette loggia se trouve un portrait de François Ier portant le grand collier de l’Ordre de Saint-Michel. De longues et étroites fenêtres géminées, couronnées de coquilles
                                                          soutenues par des figurines d’Amour, complètent l’architecture de cette façade au pur style Renaissance.

                                                      Un passage voûté, à caissons sculptés, donne accès à la cour du "Jeu de
                                                      Paume" qu’encadrent les appartements royaux. Un grand escalier droit
                                                   permet d’accéder à l’étage et à la chapelle royale. Il est couvert d’une voûte
                                                     inclinée, en anse de panier, ornée de trois rangées de caissons sculptés de
                                                   salamandres, de feuillages et couronnés de fleurs de lys, de têtes d’angelots
                                                     et de feuillages…L'on pénètre actuellement dans la chapelle, par un couloir

                                                       créé vers 1762/68. Celle-ci a conservé une superbe frise en haut-relief,
                                                    composée régulièrement de suites de trois panneaux, qui se déroule autour

                                                      de la pièce : écu royal avec les trois fleurs de lys et le collier de l’Ordre
                                                    de Saint-Michel surmonté de la couronne impériale, jouxté de salamandres

                                                      et du "F" feuillagés ou fleurs de lys couronnés, encadrés de salamandres
                                                      elles-mêmes couronnées. Quatre colonnes, dont deux d’angles, divisent
                                                       chacun des murs latéraux en trois travées inégales tandis qu’un retable
                                                     occupe la paroi orientale : au-dessus d’un haut piédestal s’élève un ordre

                                                          dorique très orné que domine un second niveau d'ordre ionique.
                                                   Ce décor présente une influence italienne avec ses guirlandes, rubans, têtes
                                                   de putti ailées, bucranes, têtes de feuilles, cornes d'abondance, grenades…

                                                        En quittant cette salle, l'on découvre, à droite, le petit escalier du Roy,
                                                       avec sa voûte en caissons ornés de scènes d'inspiration mythologique :
                                                        "Hercule affrontant le lion de Némée", "Vénus désarmant l'Amour"

                                                                      ou encore "duel musical d'Apollon et Daphné".

                                                      La voute inclinée aux caissons sculptés, du plafond de l'escalier, vers le 1er étage.
                                                             Le retable et son piédestal, avec les armoiries de François 1er et de salamandres.

                        À la fois site Historique, équipement Culturel et Artistique, la Cité Internationale de la Langue Française
                                            reposera sur un programme entièrement dédié à la langue française.

Espace pluridisciplinaire accessible au plus grand nombre, elle articulera des activités variées et complémentaires : parcours de visite, expositions temporaires, spectacles,
ateliers de résidences pour des artistes, chercheurs et entrepreneurs, activités pédagogiques, d'apprentissage et de formation à la langue française... Une première salle

   évoquera l'histoire du monument jusqu'aux années très récentes, son environnement, son architecture, l'esprit de la Renaissance, ses hôtes et les grandes figures qui
  y sont attachées comme Alexandre Dumas. Les visiteurs y accèderont par l'escalier d'honneur qui donnera à entendre des voix de l'époque de la cour de François Ier.
 Par la suite, le long de son parcours dans les trois ailes du château, le visiteur découvrira la langue dans ses différentes dimensions et dans toute la diversité de ses voix,

                 de ses accents, de ses registres, à l'échelle internationale. Il traversera des espaces tour à tour contemplatifs, immersifs, ludiques ou interactifs.

                                    Il ne s'agira pas d'expliquer scolairement la langue française, mais de la donner à voir, à entendre et à aimer.

Angle Nord-Est du château, vue du jardin des dames © Olivier Weets, architecte M.H. Ordonnance royale de 1539.  Dans la cour du Jeu de paume, la "verrière, des mots en suspension"

                            Ordonnance de Villers-Cotterêts du 15 août 1539 : avec cette "Ordonnance royale", François 1er obligeait les paroisses à tenir des registres concernant
                                       l'acte civil (articles 50 & 51) et peut être considérée comme un l'acte de naissance officiel de la langue française (articles 110 & 111).

                              Cette ordonnance n'est pas une loi linguistique, mais une loi sur la justice, la police, les finances et l'état civil. Seuls les articles 110 et 111 portent
                                 sur l'usage du français en lieu et place du latin. Pour le roi de France, cette ordonnance était une façon de réduire le pouvoir de l'Église tout en

                            augmentant celui de la monarchie. Dorénavant, le roi s'attribuait de plus grands pouvoirs administratifs et limitait le pouvoir de l'Église aux affaires
                                          religieuses, notamment dans les registres de naissance, de mariage ou de décès, lesquels devant être contresignés par un notaire.

                                           "Ordonnances royaulx sur le faict de la justice et abbréviation des procès par tout le Royaume de France",
                            faictes par le Roy notre Sire, et publiées en la court de Parlement à Paris, le sixiesme jour du moys de Septembre Lan Mil DXXXIX (1539)

Monogramme de François 1er         Art. 110 : Et afin qu'il n'y ait casue de douter sur l'intelligence desdits arrêts, nous voulons et ordonnons qu'ils soient faits et écrits si clairement,
                                 qu'il n'y ait ni puisse avoir aucune ambigüité ou incertitude ne lieu à demander interprétation. Art. 111. – Et pour ce que telles choses sont souvent

                            advenues sur l'intelligence des mots latins contenus les dits arrests, nous voulons d'oresnavant que tous arrests, ensemble toutes autres procédures, soient de

                            nos cours souveraines et autres subalternes et inférieures, soient de registres, enquestes, contrats, commissions, sentences, testaments, et autres quelconques,

                                actes et exploicts de justice, ou qui en dépendent, soient prononcés, enregistrés et délivrés aux parties en langage maternel françois et non autrement.
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