Page 3 - Journal Culturel de Metz - 2015-03
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Saint-Denis en 1248 : Louis IX prend l'Oriflamme pour la croisade.
Au XIIIe siècle, l'édifice est doté d'un transept plus large
afin d'intégrer les seize gisants. (P. Cadet © CMN).
Sous le règne de Louis IX, le Prudhomme (règne 1226-1270 - Saint-Louis)
Le roi Louis IX est inhumé dans la basilique le 22 mai 1271 – et il est canonisé en 1297.
Ce roi à la foi ardente, est tout particulièrement attaché à Saint-Denis.
Il n'aura de cesse de renforcer le caractère de nécropole royale de la basilique,
notamment par sa commande, vers 1263, d'une série de seize gisants.
En ce XIIIe siècle, elles figurent parmi les premières sculptures funéraires réalisées
pour l'abbaye de Saint-Denis. Auparavant, seules des dalles de pierres gravées,
disposées sur le sol près du maître autel, marquaient l'emplacement des sépultures royales. Il
subsiste aujourd'hui quatorze de ces sculptures originales.
Elles sont placées dans les deux bras du transept, à leur emplacement ancien attesté
par des gravures du XVIIIe siècle. Elles sont toutes assez semblables : les gisants
sont allongés mais les pieds posés sur un socle, comme s’ils étaient debout.
Cependant, l’oreiller posé sous leurs têtes indique qu’ils sont bien représentés couchés.
En réalité, on trouve ici le thème de la résurrection. Les gisants représentent les souverains prêts à se lever. Leur yeux sont ouverts et tournés vers l’Est,
vers la Jérusalem céleste. Ils portent un sceptre d’une main et retiennent un pan de leur manteau de l’autre. Les visages, idéalisés, offrent l’image du roi parfait.
Ils sont tous figés à un âge idéal : celui du Christ lors de sa crucifixion, et surtout de sa résurrection : 33 ans. La ressemblance des visages est nuancée
par le travail des sculpteurs sur les ombres et la lumière. Chaque roi se distingue également grâce à la variété de motifs que l’on trouve sur les couronnes.
Sceau de Robert II, le Pieux (vers 997) - "Rotbertvs Dei Gratia Francorvm Rex" (Robert roi des Francs par la grâce de Dieu) Archives Nationales, Paris
Les gisants réalisé à la demande de Louis IX , pour Robert II, le Pieux et sa 3ème épouse, Constance d’Arles
Robert II, le Pieux (règne de 996 à 1031), deuxième roi franc de la dynastie Capétienne : fils d’Hugues Capet (939/41-996) et d’Adélaïde d'Aquitaine (v.986-1004).
Il naquit à Orléans vers 972 - Proche des évêques, il fut surnommé "le Pieux" - Il décède au château de Melun, le 20 juillet 1031.
Le mariage avec Constance d’Arles (1003) : n'ayant pas eu d’héritier avec son épouse Berthe, Robert II la répudia et épousa Constance d’Arles (v.986-1032),
fille de Guillaume 1er de Provence (v.955-993). Ce dernier s’était rendu célèbre pour avoir chassé les musulmans, qui s’étaient installés dans le massif des Maures.
Les comtes de Provence étaient apparentés à la famille d’Anjou, ce qui permit à Robert II de rétablir l’alliance avec Foulques III, Nerra (v.968/70-1040 à Metz).
Robert II fut inhumé en la basilique, devant l'autel de la Trinité, à proximité de son père. Jusqu'en 1263, sa tombe resta sans inscription ni ornement.
En commandant de nouveaux tombeaux pour plusieurs rois carolingiens et capétiens, Louis IX, offrit à son ancêtre une sépulture digne de lui.
Deux ans plus tard, Constance d'Arles l'y rejoignit. Suite aux profanations de la Révolution, seuls les deux gisants, sont exposés à St-Denis.
La Révolution Française (entre le 5 mai 1789 et le 9 nov. 1799)
Par décret du 1er août 1793 : "Les tombeaux et mausolées des ci-devant rois, élevés dans l'église de
Saint-Denis, dans les temples et autres lieux, dans toute l'étendue de la République, seront détruits le 10
août prochain". Une destruction partiellement retardée à octobre, pour transférer une partie
des monuments funéraires rescapés, dans le premier (1795) "Musée des Monuments Français".
En 1879, un deuxième musée est fondé par Eugène Viollet-le-Duc au Palais de Chaillot.
Les tombeaux royaux et princiers sont profanés durant cette période,
entre le 6 août et le 25 octobre 1793. Les corps de plus de 150 personnes sont précipités
dans deux fosses communes creusées dans l’ancien cimetière des moines au Nord de la basilique.
Au total, les révolutionnaires y ont jeté les restes de : 50 rois, 32 reines, 70 princes du sang,
10 serviteurs du royaume et plusieurs grands abbés de Saint-Denis.
Ces restes humains vont rester enfouis dans ces deux grandes fosses pendant 23 ans.
En 1806, Napoléon 1er ordonne la restauration de la Basilique
et consacre l'ancienne nécropole comme lieu d'inhumation des Empereurs.
Lorsque Louis XVIII revient en France, il ordonne de rétablir le caveau des Bourbons dans son état
d’Ancien Régime. Il ordonne que l’on fouille les fosses communes où avaient été jetés ses ancêtres :
tous les restes retrouvés sont placés dans la crypte derrière deux grands murs rappelant les noms
et dates des exhumés. Il fait également fouiller le cimetière de la Madeleine où avaient été jetés
les corps de Louis XVI et Marie-Antoinette et organise, le 21 janvier 1815, le rapatriement
en grande pompe des restes de son frère et de sa belle-sœur. Enfin, les corps des filles de Louis XV
sont transférés de Trieste à Saint-Denis au début de l’année 1817. La Basilique, qui retrouve
progressivement son éclat royal, est à nouveau un lieu de culte. La Monarchie y célèbre avec fastes
les funérailles du prince de Condé (1818), du duc de Berry (le fils de Charles X, assassiné en 1820)
et de Louis XVIII, dernier Roi de France inhumé à Saint-Denis, en 1824. La dernière célébration
dans la nécropole St-Denis, est celle du duc de Bourbon, à l’orée de la Monarchie de Juillet 1830.
Les travaux de restauration se poursuivent tout au long du XIXe siècle.
En 1845, la flèche Nord de la basilique s’écroule après une violente tempête.
A partir de 1846, le jeune architecte Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879) va s’employer,
jusqu’à la fin de sa vie, à rendre au monument son état d’origine.
La presse se fait parfois l’écho, depuis plusieurs années, de la dégradation incessante de la nécropole des rois de France (infiltrations, humidité,
restaurations nécessaires des façades etc.) et il suffit de s’y rendre pour constater, avec tristesse, le quasi abandon de plusieurs parties de l’édifice.
Pourtant, il semblerait que la vieille idée de reconstruire la flèche Nord soit enfin sur le point de voir le jour. Dans le courant de l’année 2013, le projet a été officialisé
par la municipalité, entourée de personnalités publiques de premier plan. Serait-ce pour le bâtiment, qui abrite une partie de la mémoire de l’Histoire de France.
L’avenir proche saura nous le dire car "à Saint-Denis, l’histoire bientôt deux fois millénaire, s’inscrit dans le temps long".
Association pour le retour de Charles X et des derniers Bourbons - Julien Morvan