Page 145 - CONGOLATRES-AOUT-2021
P. 145
Les Congolâtres
Ces lettres, souvent sans affranchissement faute de timbres, étaient alors emportées par ces réfugiés qui
les postaient à leur arrivée à Bruxelles ou les remettaient au personnel de la Sabena ou des autres
compagnies venues au secours de la population blanche.
Ces lettres portaient l’une des mentions suivantes :
DEPOSEZ A LA BOITE EN BELGIQUE S.V.P.
FAITES SUIVRE S.V.P.
AUX BONS SOINS SABENA
AUX BONS SOINS DES MEMBRES DES EQUIPAGES DES AVIONS DE LA SABENA
POSTER A BRUXELLES S.V.P.
Devant l’afflux de ces correspondances, une boîte est placée à l’aérodrome de Léopoldville dans laquelle
les lettres peuvent être déposées, le personnel des avions la vidant avant leur départ.
Pour justifier de leur prise en charge bénévole, ces lettres sont revêtues d’une griffe de 67 mm frappée en
rouge et portant l’inscription : AERODROME N’DJILI.
Arrivées à Bruxelles, elles sont déposées à la poste après avoir été affranchies avec des timbres belges ou
sans l’avoir été, ce qui, dès lors, donna lieu à une taxe de 6 Fr. à l’arrivée.
Des lettres sont également confiées à des réfugiés qui cherchent à gagner le Congo Français en traversant
le fleuve à Léopoldville, ou qui se joignent aux longues caravanes de voitures qui essayent de gagner la
frontière de l’Angola.
Les correspondances dont ils se chargent sont déposées dans les bureaux de poste après avoir été
affranchies avec des timbres de ces pays respectifs.
Parfois encore, embarqués à bord du premier avion venu qui pouvait les prendre, ces réfugiés arrivent
dans d’autres pays plus éloignés et dont dès lors les lettres portent les timbres.
C’est le cas de lettres ayant été postées en Afrique du Sud, au Dahomey ou au Togo.
Ces lettres, pour présenter un intérêt historique, doivent évidemment porter des cachets dont les dates se
rapportent à celles de ses événements dont elles découlent; c’est à dire pendant le mois de juillet 1960.
Le Force Publique se mutine en juillet et provoque la panique parmi les familles européennes, celle-ci se
réfugient à la base de Kamina en vue d’un rapatriement vers l’Europe et surtout parce qu’ils se sentent en
sécurité parmi les régiments venus de Belgique.
En effet, dès le 8 juillet, la Belgique se devant de protéger la vie de ses nationaux dans l’ex-Congo belge,
y envoie les premiers éléments d’un corps expéditionnaire composé essentiellement de volontaires
recrutés dans toutes les armes stationnées en Belgique et F.B.A.
Cette unité arrive le 9 au Ruanda-Urundi où elle désarme des pelotons mutinés de la Force Publique, ainsi
que la gendarmerie de l’Urundi. A partir de cette date, la franchise postale est décrétée pour les
correspondances en provenance ou à destination des troupes belges en Afrique.
Le courrier des réfugiés fut acheminé par les soins de l’armée qui y apposa une griffe en rouge « Réfugié
Vluchteling Kamina » ainsi qu’un cachet militaire d’un diamètre de 4 cm en rouge ou en noir « Base
militaire Kamina – Section P et F. »
145

