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Les Congolâtres

                  Les perturbations postales et les postes militaires pendant les

                                événements de l’Indépendance du Congo


                                                    Par Daniel Goffin

          Le 30 juin 1960, la Belgique ayant accordé au Congo l’indépendance totale, prévoit néanmoins le
          maintien provisoire de quelques troupes dans les bases de KAMINA au Katanga et KITONA-BANANE
          dans le Bas-Congo. Il est prévu qu’un statut devrait faire l’objet d’arrangements ultérieurs.
          Cependant, les responsables du nouvel Etat ne s’étant pas montrés à la hauteur de leur tâche, la révolte, le
          pillage et les assassinats ne tardèrent pas à ensanglanter les campagnes du Congo, tandis que la Force
          Publique qui constituait l’ossature de la colonie et sur laquelle le pouvoir comptait s’appuyer, se mutinait
          à son tour, plongeant ainsi tout le pays dans la terreur et l’anarchie la plus complète.

          Dès le 4 juillet, des colons blancs ayant été molestés et des scènes de violence s’étant produites, l’exode
          des coloniaux pris de panique commence, chacun essayant de gagner avec les moyens dont il dispose les
          gares ou les aérodromes.
          Comme une mauvaise nouvelle n’est jamais unique, les services publics cessent petits à petits de
          fonctionner, la poste privant ainsi les usagers d’envoyer ou de recevoir des nouvelles.
          Les correspondances s’entassent dans les bureaux dans l’attente de jours meilleurs.

          Tandis que dans certaines localités, le personnel noir resté au poste, macule les enveloppes de slogans
          (certains courriers seront acheminés plus tard, d’autres seront détruits) apposés au composteur ou au
          moyen de cachets grossièrement taillés dans du bois comme :


                                                    CONGO LIBRE
                                                   INDEPENDANCE
                                                         UNITE
                                                   PLUS MAITRE ICI


          Dans d’autres bureaux le personnel blanc qui n’a pas abandonné ses fonctions fait confectionner et coller
          sur les lettres des étiquettes dactylographiées portant la mention:


                       TRANSMISSION RETARDEE POUR DIFFICULTE D’ACHEMINEMENT


          Quelques bureaux continuant à fonctionner plus ou moins par l’impulsion acquise, des sacs de courrier
          normalement oblitéré sont transportés jusqu’aux aérodromes à l’effet d’être pris en charge par les avions
          qui participaient au pont aérien.

          Malheureusement, ceux-ci ne pouvant les embarquer, les réfugiés ayant priorité et occupant jusqu’aux
          cales à marchandises, les sacs postaux s’entassent et restent en souffrance dans plusieurs localités ou les
          soldats Congolais les pillent et y mettent le feu.

          Les correspondances ne cessèrent pas pour autant d’arriver dans les bureaux des villes, venant de
          l’intérieur et notamment des postes de brousse où les coloniaux enfermés chez eux et ne pouvant se
          rendre dans les centres sens s’exposer aux injures et aux sévices, confiaient leurs lettres à des personnes
          restées fidèles. Ceux-ci étaient chargés de remettre le courrier soit au bureau de poste le plus proche
          encore en fonction, soit à des blancs ayant réussi à gagner des lieux d’embarquement.



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