Page 144 - CONGOLATRES-AOUT-2021
P. 144
Les Congolâtres
Les perturbations postales et les postes militaires pendant les
événements de l’Indépendance du Congo
Par Daniel Goffin
Le 30 juin 1960, la Belgique ayant accordé au Congo l’indépendance totale, prévoit néanmoins le
maintien provisoire de quelques troupes dans les bases de KAMINA au Katanga et KITONA-BANANE
dans le Bas-Congo. Il est prévu qu’un statut devrait faire l’objet d’arrangements ultérieurs.
Cependant, les responsables du nouvel Etat ne s’étant pas montrés à la hauteur de leur tâche, la révolte, le
pillage et les assassinats ne tardèrent pas à ensanglanter les campagnes du Congo, tandis que la Force
Publique qui constituait l’ossature de la colonie et sur laquelle le pouvoir comptait s’appuyer, se mutinait
à son tour, plongeant ainsi tout le pays dans la terreur et l’anarchie la plus complète.
Dès le 4 juillet, des colons blancs ayant été molestés et des scènes de violence s’étant produites, l’exode
des coloniaux pris de panique commence, chacun essayant de gagner avec les moyens dont il dispose les
gares ou les aérodromes.
Comme une mauvaise nouvelle n’est jamais unique, les services publics cessent petits à petits de
fonctionner, la poste privant ainsi les usagers d’envoyer ou de recevoir des nouvelles.
Les correspondances s’entassent dans les bureaux dans l’attente de jours meilleurs.
Tandis que dans certaines localités, le personnel noir resté au poste, macule les enveloppes de slogans
(certains courriers seront acheminés plus tard, d’autres seront détruits) apposés au composteur ou au
moyen de cachets grossièrement taillés dans du bois comme :
CONGO LIBRE
INDEPENDANCE
UNITE
PLUS MAITRE ICI
Dans d’autres bureaux le personnel blanc qui n’a pas abandonné ses fonctions fait confectionner et coller
sur les lettres des étiquettes dactylographiées portant la mention:
TRANSMISSION RETARDEE POUR DIFFICULTE D’ACHEMINEMENT
Quelques bureaux continuant à fonctionner plus ou moins par l’impulsion acquise, des sacs de courrier
normalement oblitéré sont transportés jusqu’aux aérodromes à l’effet d’être pris en charge par les avions
qui participaient au pont aérien.
Malheureusement, ceux-ci ne pouvant les embarquer, les réfugiés ayant priorité et occupant jusqu’aux
cales à marchandises, les sacs postaux s’entassent et restent en souffrance dans plusieurs localités ou les
soldats Congolais les pillent et y mettent le feu.
Les correspondances ne cessèrent pas pour autant d’arriver dans les bureaux des villes, venant de
l’intérieur et notamment des postes de brousse où les coloniaux enfermés chez eux et ne pouvant se
rendre dans les centres sens s’exposer aux injures et aux sévices, confiaient leurs lettres à des personnes
restées fidèles. Ceux-ci étaient chargés de remettre le courrier soit au bureau de poste le plus proche
encore en fonction, soit à des blancs ayant réussi à gagner des lieux d’embarquement.
144

