Page 27 - delcampe-magazine-03-2022
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Timbres






        normalement  le service du  courrier                           Cachet bleu de l’agence Prévost (Paris).sur un timbre à
        dans Paris intra-muros.                                        10 c
        Tout en embauchant des auxiliaires et
        en redéfinissant les échelles salariales
        du personnel  des  Postes,  Theisz au-
        torisa  en avril  des agences privées à
        assurer  des  fonctions  de  messagerie
        entre Paris et l’extérieur via les boîtes
        postales  de la proche banlieue,  en
        particulier  Saint-Denis  et Vincennes.
        Des  agences  comme  Lorin-Maury  et
        Ed. Moreau fonctionnèrent comme de
        petites postes privées, permettant aux
        échanges Paris-province  de se pour-
        suivre en pleine guerre civile, alors que
        les Allemands occupaient toujours une
        bonne partie de la région parisienne. De
        fait, une partie du courrier réussissait à
        circuler dans les deux sens, grâce à des   Fragment de lettre pour Paris destinée à l’agence Lorin-Maury et qui fut acheminée par
        passeurs  rémunérés  et  à  un  système   cette même agence en plein blocus postal. Cachet de Villers-sur-Mer (tampon Gros
        d’acheminement  mis  au  point  par  les   Chiffres 4526 sur le timbre) et affranchissement à 20 c (type de Bordeaux, non dente-
                                                 lé) le 21 (?) mai 1871. L’enveloppe préimprimée portait l’adresse de Monsieur E. Lorin,
        agences, les Postes parisiennes impo-    Île Saint-Denis (Seine). Le timbre-taxe Lorin-Maury (LM) était collé par l’agence (avec
        sant un affranchissement supplémen-      décompte manuscrit de 20 c à percevoir) et on y ajoutait le timbre officiel de 10 c (du
        taire fixé à 10 c.                       type Empire lauré) correspondant à la taxe additionnelle de Paris. Les deux timbres
                                                 ajoutés à Paris sont ici oblitérés du cachet C.IX (bureau C du IXe arrondissement).
        Toutefois, les affrontements militaires
        sporadiques entre les deux camps, les
        bombardements  des  forts,  puis  l’en-
        trée  des Versaillais à  Paris le 21 mai
        et la terrible « Semaine sanglante » qui
        écrasa la Commune, perturbèrent for-
        tement toute l’activité postale pendant
        toute cette période.
        Dans ces circonstances, la Commune
        n’eut  pas  le  temps  ni  les  moyens  né-
        cessaires de créer une véritable poste
        communale. Mais le souhaitait-elle vrai-
        ment ? La question n’était pas – comme
        en 1848 – de définir par le timbre-poste   Oblitération « ancre » en noir très exceptionnelle (normalement utilisée sur les pa-
        une  nouvelle  incarnation  symbolique   quebots et qui apparut notamment sur le courrier local parisien du 16 au 27 mai et
        de la République, mais de maintenir un   jusqu’en juin faute de cachets réglementaires disponibles). Elle est apposée sur un
        service public essentiel, au cœur d’un   timbre à 10 c du type Empire lauré (port de Paris pour Paris) par le bureau de
                                                 Montmartre le 26 mai 1871, le tout en pleine Semaine sanglante. C’est assurément un
        projet de République démocratique et     très beau témoignage postal de cette période.
        sociale. Il n’y eut donc pas de « timbres
        de la Commune » estampillés « Com-
        mune  de Paris  »,  même si  l’on  trouve











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