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Timbres

Le dessous des carnets

Par Gérard Gomez Membre correspondant de l’Académie de philatélie

Tout le monde connaît la célèbre chanson de Serge Gainsbourg « Le poin-
çonneur des lilas » et les paroles du refrain : des petits trous, encore des pe-
tits trous, toujours des petits trous.
En philatélie aussi, nous faisons des petits trous, vous savez les perforations
qui permettent de séparer les timbres. Alors, nous allons vous parler des per-
forations qui concernent les carnets.

Des petits trous, encore des petits trous, toujours des petits trous

La dentelure, qui permettait de se passer des construit entre 1892 et 1894 situé 103 bou-
ciseaux pour détacher les timbres-poste, était levard Brune à Paris 14e. Dans cet ensemble
utilisée par l’Angleterre depuis 1854 grâce à spacieux, le matériel a été soit remplacé, soit
M. Henri Archer inventeur d’une machine à rénové et il évoluera au fil du temps.
piquer les feuilles de timbres. En France, on Le format des carnets entraîne une composi-
voyait des piquages réalisés à la main par tion des clichés différente de celle des feuilles
des particuliers (grandes compagnies, mes- ordinaires pour guichet qui sont imprimées
sageries, chemins de fer, etc.) à partir de au moyen de planches planes de 300 timbres
1860. Malgré cela, on trouvait insuffisante en deux panneaux de 150.
cette situation et la presse s’en faisait l’écho. Pour les carnets, la taille des timbres, leur
Un débat s’était même engagé au Sénat pour type et la dentelure sont identiques, mais
critiquer la faiblesse de notre outillage ! Une l’agencement des demi-feuilles de 120 (1) est
décision ministérielle du 23 décembre 1861 le suivant :
vint clore le débat…. Et les premiers timbres • Deux blocs de 10 timbres (5 X 2) l’un à côté
dentelés apparurent finalement en France de l’autre, séparés par un pont de la largeur
début d’octobre 1862. La Monnaie de Paris d’un demi-timbre,
fut donc équipée pour la circonstance des • Les paires de blocs sont au nombre de 6
premières machines d’origine anglaise mues en hauteur, séparées par l’équivalent d’un
par la vapeur. timbre sans impression qui donnera un
Mais ceci est de l’histoire « ancienne », car les bord de feuille après le façonnage du car-
carnets qui nous intéressent ici verront le jour net.
bien plus tard en 1906. Le système employé pour la perforation est
dit « à l’emporte-pièce ». Il s’agit d’un principe
La dentelure des carnets à peigne qui consiste à perforer chaque ligne
Après deux déménagements, les ateliers pour de timbres sur leurs trois côtés respectifs
la fabrication des timbres sont installés dans (gauche, haut, droit). Puis, par avancement
un bâtiment d’environ 3000 mètres carrés de la feuille, on perfore la ligne suivante et

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