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Timbres de France

Le dessous des carnets

                                        Gérard GOMEZ, Président d’honneur de l’ACCP

Les périodes troublées de notre histoire, telles les guerres, ne
sont jamais sans conséquences sur l’histoire postale et la phila-
télie. Parmi celles-ci, voici l’exemple de carnets avec un sujet
«bien français» - notre Arc de Triomphe - qui ont cependant été
imprimés par les Américains, sur le sol américain, à la fin de la
Seconde Guerre mondiale dans une conjoncture de tensions
politiques. Mais que viennent faire les Américains dans cette af-
faire ?

Des carnets américains pour la France

Pour comprendre le contexte de cette            Gaulle. L’œuvre de ce gouvernement est
émission, remontons le temps quelques           vaste pour conduire la France vers la fin
mois avant l’émission desdits carnets.          de la Seconde Guerre mondiale. Outre les
Le 3 juin 1943, le Comité français de libé-     nombreuses et importantes réformes poli-
ration nationale (C.F.L.N.) est créé. Dirigé    tiques réalisées, il s’intéresse également
par le Général de Gaulle, chef de la France     aux aspects postaux.
libre, et le Commandement en chef fran-         Dès juin 1943, de Gaulle pensait déjà aux
çais civil et militaire d’Alger, dirigé par     conditions de la remise en marche du pays
le général Giraud, il résulte de la fusion des  puisqu’il avait demandé à Edmond Dulac
deux autorités françaises participant à la      de concevoir un timbre destiné à servir
guerre avec les Alliés. Il s’agit d’un régime   quand la France serait libérée. Deux sé-
politique composé d’un gouvernement             ries furent réalisées en héliogravure par
en vue d’unifier l’effort de guerre français    l’imprimeur Harrison and Sons de Londres
et de préparer la Libération.                   (type Marianne de Dulac), mais elles se-
Ainsi, jusqu’à la fin de 1944, la France est    ront vite oubliées dans les cartons.
gouvernée par un gouvernement provi-            Pendant ce temps, de l’autre côté de
soire créé par ce Comité. Après la mise         l’Atlantique on ne voyait pas les choses
à l’écart du général Giraud de la coprési-      tout à fait de cette façon. Par la volonté
dence assez rapidement, il est finale-          du président Franklin D. Roosvelt, les
ment mené uniquement par Charles de             Américains mettent sur pied un gou-

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