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L’architecture gothique sous la Restauration bourbonienne (1814 à 1830, sur 2 périodes) amènera un nouveau style et relancera


                                          le goût des petits éventails brisés. L’utilisation de fort belles copies d’anciens des deux derniers siècles reviendra également
                                            à la mode, notamment grâce au procédé de la chromolithographie (impression lithographique en couleur) inventée en 1839,
                                           et permettra une multiplication d’un même dessin. La révolution de 1848 manquera d’anéantir l’industrie de l’éventail,
                                          mais les commandes pour l’exportation permettront de sauver le marché. Durant le XIX ème  siècle, la France est le seul pays
                                         producteur en Occident et différencie ses styles en fonction des pays destinataires. De grands noms marqueront la production
                                         d’éventails : Félix  Alexandre (1822-1887, dessinateur lithographe, éventailliste), Jean-Pierre  Duvelleroy (1802-1889, éventailliste),
                                          Ernest Kees (1822-1904, imprimeur lithographe et éventailliste). Contrairement aux siècles précédents, où la peinture de feuilles
                                         d’éventails était considérée comme un art mineur, durant cette nouvelle période, de grands noms s’illustreront. : Edouard Manet
                                          (1832-1883, peintre impressionniste et graveur), Auguste Renoir (1841-1919, peintre impressionniste), Camille Pissarro (1830-1903,
                                         peintre impressionniste), Paul Gauguin (1848-1903, peintre postimpressionniste, graveur, sculpteur et écrivain), ou les jeunes peintres
                                        du mouvement "Nabi" comme Maurice Denis (1870-1943, peintre nabis, décorateur, graveur, théoricien et historien de l'art) entre autres.
                                                     e
          Projet publicitaire de Gendrot, vers 1906 (archives)   La fin du XIX siècle voit se développer le marché publicitaire et des éventails cotillons en très grande série.

               e
                   ,
         Début XX  siècle,  les éventails de plumes occupent un temps le devant de la scène,

       ainsi que de très belles feuilles peintes sur soie d’inspiration Art Nouveau puis Art Déco.
      La première Guerre Mondiale, puis la seconde, mettront la fin du règne de l’éventail
              pour des raisons économiques et des changements de mode.
           L’Espagne et l’Orient sont les seuls grands producteurs actuellement
          qui produisent des éventails en grande quantité et à des prix dérisoires.

        En France : la Haute couture remet en scène l’éventail ; Anne HOGUET, Maître d'Art
          confectionne dans son atelier parisien des éventails pour l'opéra, le théâtre,
        le cinéma et la haute couture (Dior, Gaultier, Hermès, Lacroix, Nina Ricci, Louis Vuitton...).
       Elle effectue également des travaux de restauration d'éventails pour la France entière.
         En 1993, elle a ouvert à  Paris, le Musée de l'Eventail (une collection riche et variée).













                         Anne HOGUET (Paris)                                    Frédéric Y.M. GAY (Drôme)

         Frédérick Yvan Manuel GAY : plasticien, éventailliste et enseignant, titulaire d’un DESS Mode et Création, diplômé des Arts Appliqués de Lyon. Après deux années
          de collaboration avec Anne HOGUET, dernière Maître d’Art éventailliste à Paris, il crée son atelier à Montélimar en 1999. En 2002, il déménage et créé son atelier
       "Appâts d’Anges" à Romans-sur-Isère (26-Drôme), ville de son enfance. Selon lui, l’éventail est l'un des plus beaux fleurons du patrimoine artistique et immatériel français.
        Il ne réalise que de très petites quantités, de l’unique pour des marques de luxe ; car seule la création dans toute sa pureté et l’originalité l’intéresse. En 2006, il est lauréat
        du Grand Prix des Métiers d’Arts, et en 2020 il est inscrit à l’Inventaire national du Patrimoine Culturel Immatériel. Au-delà des savoir-faire anciens de l’éventailliste
       de métier, il amène cet objet sur le terrain de l’art contemporain en en faisant un sujet de réflexion sur sa symbolique et son architecture, et explore notamment les thèmes
        de l’érotisme et du corps comme paysage… Depuis 2009, il accompagne la renaissance de la Maison DUVELLEROY, la plus prestigieuse maison d’éventails français
                               depuis 200 ans (maison d’éventails et de maroquinerie fondée à Paris en 1827, par Jean-Pierre Duvelleroy).

           Les éventails de Luxe sont réalisés en pièce unique ou sur commande ; ils sont en nacre, plumes
          ou autre matériaux précieux, pièces à porter lors de mariages, gala ou autres occasions spéciales.

       Fabrication de l'éventail : la conception d’un éventail dépend de très nombreux savoir-faire : peintres, graveurs, plumassiers,
       parfumeurs, bijoutiers, dentellières et tabletiers capables de préparer les matériaux. De nos jours, ces différents savoir-faire sont
       parfois rassemblés au sein d'un atelier ou d’une seule maison.   Le tabletier, une fois le projet de monture dessiné, les réalise avec
      différents matériaux : le bois (poirier, pommier, alisier, acacia, merisier, platane, marronnier) et certains bois exotiques (macassar,
       palissandre, ébène, bois de rose, etc…) /  la nacre : blanche ou noire, celle d'Orient, du Japon, etc…  /  l’écaille de tortues marines
         ou l'ivoire d'Inde ou d'Afrique  /  la corne blonde, voir claire ou l'os des pays d'élevage. Puis différentes opérations sont
           nécessaires : le débitage, l’ébauchage, le collage, le reperçage, la gravure et la sculpture, la finition et la rivure.
       Pour finir, les éventaillistes habillaient la partie haute de la monture avec la feuille ; celle-ci peut être en dentelle, coton, cuir,
         papier, satin, etc… L'étape du plissage du tissu, doit être réalisée en fonction de la monture choisie : selon la matière et
      le nombre de brins. Pour plisser la feuille, il apprête et repasse son tissu afin qu’il soit plus rigide. Il le moule en l’insérant ensuite
       dans un double moule en carton. Une fois que les plis sont marqués dans le tissu, il peut être réuni à la monture. Le tissu est
      donc soigneusement collé sur les brins de la monture. L'artisan régularise au ciseau et dépose sur l’extrémité de la feuille une
       base de colle teintée pour éviter l’effilochage, puis il assemble les brins de la monture avec un clou, travail minutieux nécessitant
        une concentration et une précision extrême. L’étape de finition consiste à agrémenter la pièce de plumes, paillettes, etc…
                                                              ème
                 Le Musée de l’Eventail est installé à l'étage - au 2, bd de Strasbourg, à Paris (10  ).

                                                                                                                         Le Musée de l’Eventail à Paris, regroupe de remarquables merveilles.





        Fiche technique : 13/02/2023 - réf. 21 23 403- Souvenir philatélique : les "Métiers d'Art" - Eventailliste
      Présentation : carte 2 volets + 1feuillet avec 1 TP gommés - Création graphique : Sophie BEAUJARD - d'après photos
        © documents et éventail de Frédéric GAY - Impressions, carte : Numérique - feuillet : Taille-Douce - Format carte
         2 volets : H 210 x 200 mm - Format feuillet : H 200 x 95 mm - Support : Carte + papier gommé - Couleur :
       Polychromie - Création TP : Sophie BEAUJARD - Format TP : C 40,85 x 40,85 mm (37 x 37) - Dentelure : 13 x 13
           Faciale : 1,80 € - Lettre Internationale, jusqu'à 20g, - Europe et Monde - Barres phosphorescentes : 2
         Prix du souvenir : 4,50 € - Tirage : 25 000   -   Visuel : la carte est découpée comme un éventail (celui du timbre)
          et permet d’apercevoir le feuillet en dessous. - le feuillet présente les phases de réalisation et d'assemblage,
      les composants comme la feuille (avec un moule à plisser) et une plume de paon avec sa gamme chromatique, offrant
                 une finition des plus raffinées, ainsi qu'un outillage spécifique de l'éventailliste.

        L’éventail, un élégant accessoire féminin, a également permis la création d'un langage secret, selon ses positions
          et ses orientations. L'éventail ouvert ou fermé, dans la main droite ou la gauche, touchant l’oreille gauche,
             la joue ou la poitrine… ces codes exprimaient l’amour, l’indifférence, le dédain ou la jalousie.
        Quelques exemples : mettre l'éventail devant le front : "Ne m’oublie pas" . /  toucher avec le doigt le bord de l’éventail :
        "Je veux te parler" .  /   se taper la paume de la main avec : "Aime-moi". /   bailler derrière l’éventail : "Tu m’ennuies".  /
      mettre un doigt devant le voilage : "Je t’aime encore plus chaque jour".  */  fermé dans la main droite : "Je cherche un fiancé".
         fermé dans la main gauche : "Je ne suis pas célibataire".  /  porter l’éventail à son cœur : "Je t’appartiens pour la vie".
       le laisser tomber : "Je suis tienne".  /  le faire battre très rapidement : "Je t’aime beaucoup".  /  prendre l’éventail par la partie
       supérieure : "Tu me laisses indifférente".  /  menacer de l’éventail fermé : "Ne soies pas trop audacieux".   /   passer l'éventail
             d’une main à l’autre : "Je sais que tu en regardes une autre".  /  l’éventail sur le cœur : "Je t’aime".
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