Page 10 - Journal Culturel de Metz - 2013-01
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Chaïm SOUTINE - 1893/1943  (28 janvier)

          Chaïm Soutine, né à Smilovitchi, 20km de Minsk, en Russie (actuelle Biélorussie) le 9 juin 1893, mort à Paris le 7 août 1943.
             D'origine lituanienne, il est issu d'une famille pauvre vivant misérablement dans les traditions et les principes religieux
                 du Talmud dans le ghetto juif de leur village. Son père fait de la couture pour le compte d'un tailleur. Chaïm,
          timide et réservé est le dixième de onze enfants. Les études ne l'intéressent pas, et écolier, il passe de longs moments à dessiner
          des portraits de personnes qu’il rencontre. En 1910, il passent son examen d’entrée à l’école des Beaux-arts de Vilna (Vilnius).




















                              Photo et signature du peintre Chaïm Soutine                               Portrait de Chaïm Soutine par Amedeo Modigliani, 1916

                 Il décide de rejoindre Paris en juillet 1913, où il découvre un monde totalement différent de sa Russie natale.
         L’artiste se fond dans l’univers avant-gardiste du quartier de Montparnasse, s’inscrit à l’Ecole des Beaux-arts et devient l’ami de
            Modigliani. Août 1914, c'est la guerre et l’ordre de mobilisation générale est donné en France. Soutine se porte volontaire.
             Il part creuser des tranchées, mais il est rapidement réformé à cause de son état de santé. Recensé comme émigrant juif,
              il obtient de la Préfecture de police un permis de séjour au titre de réfugié. Soutine ne s'adapte pas à la vie parisienne.

                Il est invité par Pierre Brune, à venir s'installer à Céret, dans les Pyrénées-Orientales. Quelques mois plus tard,
             fin janvier 1920, il apprend la mort de son ami Modigliani. Chaïm Soutine est un artiste d’un tempérament tourmenté
                   qui l’a porté à produire des œuvres expressionnistes violemment travaillées et riches de couleurs vives.
              Ses toiles sont repérées par les grands marchands d’art de l’époque, Léopold Zborowski (1918) ou Paul Guillaume.
              Léon Zamaron, commissaire de police à Montparnasse, lui achète ses premières peintures. Il aide également Soutine
             à obtenir des papiers d’immigration. C'est alors que le docteur Albert Coombs Barnes un riche collectionneur américain,
            vient à Paris, pour collecter une série d’œuvres contemporaines destinées à la fondation qu'il vient de créer à Philadelphie.
              Zborowski parvient à lui vendre soixante toiles de Soutine peintes à Céret, ce qui lui assure une soudaine renommée
                dans le milieu artistique. Chaïm Soutine décide alors de partir dans le midi de la France, à Cagnes, pour peindre
                    des séries de paysages aux couleurs les plus vives. Mais la région ne lui convient pas il revient à Paris.





















                  Chaïm SOUTINE - maisons à Céret - huile sur toile - 1919-20      Chaïm SOUTINE - maisons à Cagnes - huile sur toile - 1924-25
                     Washington University Gallery of Art, St. Louis, Missouri - Etats-Unis        L'Art Institute of Chicago, IL - Etats-Unis

                      Souvent envahi par des doutes sur lui même, obsédé par des questions de formes et de couleurs,
                                    insatisfait de son travail, il ne cesse de s'interroger sur son art.
               Un jour, pris d'une soudaine colère contre lui même, il brûle un grand nombre des toiles qu'il avait peintes à Céret.

            Vivant un peu mieux, il s'installe dans un atelier plus spacieux à Paris, à proximité du Parc Montsouris. Là, il se passionne
            pour la lecture et pour la musique, tout en peignant. Mais son voisinage est horrifié par les carcasses d'animaux écorchés
             ou éventrés qu'il prend alors comme modèle pour ses toiles, et se plaignent des odeurs putrides qui envahissent la rue.
                          C'est en juin 1927, que se tient le vernissage de la première exposition de ses œuvres.

              Il séjourne parfois dans la maison de campagne de Léopold Zborowski dans l’Indre ou dans la propriété de Marcellin
           et Madeleine Castaing près de Chartres, avec qui il s'est lié d’amitié car grands amateurs d’art. Leurs relations avec le milieu
         intellectuel, artistes ou écrivains tels que Blaise Cendrars, Erik Satie ou Henry Miller, permettent à Soutine de se faire connaître
                 et d'être présent dans de nouvelles expositions pour être retenu dans le choix de certaines grandes collections.
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