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Les Belgolâtres
1. Historique
A l’aube du mardi 4 août 1914, les troupes allemandes violent la neutralité de la Belgique et franchissent
les frontières de notre pays.
À Bruxelles, à midi, devant les Chambres réunies, le roi Albert 1er prononce un discours historique : « ...
Si l’étranger viole notre territoire, il trouvera tous les Belges groupés autour de leur Souverain qui ne
trahira jamais son serment constitutionnel. J’ai foi dans nos destinées. Un pays qui se défend s’impose au
respect de tous et ne périt pas ».
Dans la nuit du 5 au 6 août, six brigades allemandes s’élancent à l’attaque de la ville et des forts de Liège.
Le dernier fort, celui de Loncin tombera le 15 août.
Le lundi 17 août, le roi commandant en chef de l’armée, choisit de se replier avec son armée sur la place
forte d’Anvers.
La stratégie militaire belge avait été conçue pour défendre le port d’Anvers, et le 20 août, les restes de
l’armée se retrouvent dans le « réduit national » composé des fortifications autour de la ville d’Anvers.
Malgré une défense opiniâtre et plusieurs sorties en vue de briser l’encerclement, l’armée allemande brise
les défenses belges dans la ville de Lierre et après un mouvement vers Termonde essaie de traverser
l’Escaut.
Les routes au sud et à l’est ayant été prises et depuis le début de la guerre, la route vers le nord étant
fermée par les Pays-Bas, restés neutres, seule une fuite vers l’ouest était possible.
L’armée se retire donc d’Anvers le 10 octobre après la capitulation de la ville. 40.000 soldats s’enfuient
vers les Pays-Bas, espérant échapper à la capture et à la captivité en Allemagne, mais les Pays-Bas les
internent.
Les troupes belges gagnèrent Ostende, dernier port libre afin de trouver des secours pour les blessés et
éventuellement partir pour l’Angleterre.
Le Gouvernement, installé depuis le 3 octobre dans cette ville, vu l’avance des troupes allemandes, se vit
obligé de quitter le pays et cela dans l’intérêt général de la nation.
Le Premier ministre de l’époque, Charles de Broqueville, demanda au gouvernement de la France et du
Royaume-Uni l’hospitalité pour son gouvernement.
Plusieurs raisons amenèrent les autorités belges à choisir Le Havre comme lieu d’exil.
Le gouvernement français accueillait celui de la Belgique en lui garantissant l’exercice de son plein
pouvoir de souveraineté (inviolabilité des demeures, le droit de correspondre en langage chiffré,
l’exemption des lois françaises, une poste particulière et la franchise postale, etc.) et aussi que l’armée
belge jouirait des mêmes droits que l’armée française.
Le port du Havre se trouvait à équidistance de Londres et de Paris où se trouvaient le plus grand nombre
de réfugiés. De plus, on pouvait aisément communiquer avec notre colonie du Congo et enfin une colonie
belge de plus de 500 personnes résidait déjà dans cette ville où le tramway appartenait d’ailleurs à une
compagnie belge.
En réalité, les autres propositions d’exil n’étaient pas envisageables : Abbeville, petite ville de la baie de
Somme était encore trop près du front, et Saint-Hélier sur l’île de Jersey présentait trop de difficultés
concernant les communications.
Le mardi 13 octobre, les malles « Pieter de Coninck » et « Stad Antwerpen » quittent le port d’Ostende
emportant le gouvernement, les archives, les hauts fonctionnaires et leurs familles ainsi que les principaux
ministres étrangers accrédités auprès du gouvernement.
La malle « Marie-Henriette » et les bateaux français « Le Celte » et « L’Euphrate » transportent des
milliers de réfugiés.
Le même jour, vers 17h, le « Pieter de Coninck » accoste au port du Havre avec à son bord les principaux
ministres, 350 passagers et 125 gendarmes.
Les autres bateaux arriveront plus tard avec les réfugiés et les archives.
Il y a lieu de loger et installer tout ce petit monde. Comme il se fait que l’entrepreneur parisien Georges
Dufayel venait d’acheter un ensemble immobilier destiné à faire de la petite ville de Sainte-Adresse un
« Nice havrais », les principaux bâtiments seront affectés au siège des différents ministères et au logement
des ministres, fonctionnaires et leur famille.
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