Page 15 - Le Baudet juin 2024
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"Le Baudet" Bulletin mensuel du Club Philatélique Ardennais                                 juin 2024         N° 496
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         Peintre en maquillage       -   Artips
                                                  Liberia – Des Glaneuses de JF Millet – 1857

                                                  Où l’on rencontre un petit-fils qui s’inscrit en faux.

                                                  Paris, 5 mai 1930. Un vent de panique souffle sur le petit
                                                monde des galeries d’art. La police vient de saisir 300 toiles et
                                                dessins pour les expertiser. Il pourrait s’agir de faux ! La
                                                plupart sont signés Jean-François Millet, et d’après les pre-
                                                miers éléments de l’enquête, la famille de l’artiste est au cœur
                                                de l’affaire…

         Le pauvre Millet n’y est cependant pour rien. Ce peintre de l’école de Barbizon – mouvement con-
       sidéré comme précurseur de l’impressionnisme – est mort depuis 50 ans. C’est son petit-fils de 38
       ans, Jean-Charles, qui intrigue la police.
         Le glaneur de Millet – YT1672 – 1971

         Il a vendu un tableau de son aïeul à un riche industriel qui, depuis
       qu’il le regarde dans son salon, doute de son authenticité.
         Interrogé par la police, Jean-Charles Millet avoue aussitôt l’escro-
       querie. Il prend même plaisir à raconter comment il a trompé de grands
       experts, affirmant par exemple que Les Botteleurs, tableau qui fait la
       fierté d’une prestigieuse galerie d’Édimbourg, est un faux. « Grattez la
       barrière et vous découvrirez une vache », glisse-t-il avec malice.
         Effectivement, la vache apparaît, révélant le stratagème du faussaire.
       Pour créer des Millet crédibles, il achetait des tableaux anciens en bro-
       cante puis les confiait à un complice, ancien peintre en bâtiment ayant un bon coup de pinceau. Celui-
       ci ajoutait quelques éléments dans le style de Millet et en supprimait d’autres.

         Jean-Charles se servait ensuite de la griffe de son grand-père pour signer l’œuvre. Cet objet, re-
       trouvé dans son grenier, permettait en effet de reproduire le monogramme de l’artiste. Ainsi ma-
       quillé, le petit tableau acheté une bouchée de pain chez un brocanteur était revendu comme un au-
       thentique chef-d’œuvre de Millet.

         Et pour rassurer totalement les acheteurs, Jean-Charles recrutait un chanteur des rues pour jouer
       le rôle du grand expert artistique. L’histoire ne dit pas si ce dernier chantait bien, mais sa sérénade au-
       près des collectionneurs fonctionnait en tout cas à merveille !
                                                          NDLR : Mais savez-vous que les deux timbres pré-
                                                       sentés dans cet article ont eu aussi …quelque chose de
                                                       faux ? En effet, La Poste a oublié le « J » de Jean-
                                                       François Millet sur le timbre du Glaneur ; quant au
                                                       timbre du Liberia, il est tout simplement inversé par
                                                       rapport à l’œuvre initiale de Millet !
                                                          Après deux passages au tribunal, Jean-Charles Millet
                                                       cumule un an et demi de prison

                                                          Source : Artips
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