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Timbres
« Franchise des directeurs
des postes »
Robert Abensur RDP, de l’Académie de Philatélie
Pendant l’Ancien Régime, les directeurs des postes bénéficient de fran-
chise et de contreseing pour leurs correspondances avec progressivement
certaines restrictions. La Révolution mit rapidement un terme à ces facili-
tés par une loi du 6 juin 1792. L’administration des postes va rappeler à de
multiples reprises dans ses circulaires cette interdiction en exprimant son
« mécontentement » sur la « manière scandaleuse » dont les directeurs
« abusent » de la franchise. Ils utilisent en effet cette gratuité du port des
lettres aussi bien reçues qu’envoyées pour une activité commerciale, voire
prêtent leur « couvert » à des particuliers pour les « soustraire à l’applica-
tion du tarif ».
Malgré ces rappels à l’ordre, les directeurs d’une deuxième activité dans le négoce.
des postes continueront ces pratiques, ob- L’arrêté ministériel du 31 juillet 1834 mettra
servées couramment jusqu’à la fin des an- un coup de frein à ces habitudes qui se font
nées 1830. Le contenu de ces lettres est alors plus rares : les directeurs des postes
purement commercial, sans relation avec comme leurs conjoints ne devront plus être
le service postal et témoigne généralement commerçant ou négociant et le local du
bureau ne pas être partagé avec un com-
merce ou une industrie.
La lettre de 1822 de Roanne pour
Nogaro ci-contre est un exemple de ces
fraudes. L’adresse est « croisée » (barrée
d’une croix) pour indiquer que la lettre est
franche et elle est adressée à un directeur
des postes. Aucune marque d’affranchisse-
ment (timbre PP, taxe au verso, numéro de
la liste nominative des ports payés) n’appa-
raît.
Le contenu est commercial. L’expéditeur
demande l’intervention du directeur pour
récupérer une dette auprès d’un négociant
de sa ville et propose un tarif pour des co-
tonnades.
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